"Chaque année, la France paye un lourd tribut au tabagisme, qui reste la première cause de mortalité évitable avec 75 000 décès par an, soit 200 morts par jour", a déclaré ce mardi le ministre de la Santé, lors de la présentation du nouveau programme national de lutte contre le tabac pour la période 2023-2027. Alors que la prévalence du tabagisme stagne – on dénombre 12 millions de fumeurs quotidiens en population adulte, le Gouvernement maintient son objectif de parvenir à une génération sans tabac "d’ici 2032". Pour y parvenir, l’exécutif entend actionner des leviers supplémentaires grâce à ce nouveau plan anti-tabac qui devrait permettre de franchir "un nouveau cap". Le premier pilier de ce plan : prévenir l’entrée dans le tabagisme, en particulier chez les jeunes. Pour ce faire, le Gouvernement mise entre autres sur une nouvelle hausse du prix du paquet de cigarettes, qui "sera porté à 13 euros au courant de l’année 2026", avec une première étape "à 12 euros en 2025". "Le levier du prix, c’est ce qui fonctionne le mieux", a déclaré Aurélien Rousseau.
Le locataire de l’avenue de Ségur a dit "assumer parfaitement cette hausse" de prix, soulignant que qu’il s’agit selon l’Organisation mondiale de la santé et "l’ensemble des études indépendantes" de la "mesure la plus efficace de lutte contre le tabac". Il n’a pas souhaité amorcer une hausse dès 2024 afin de "donner de la visibilité" aux fumeurs. Mais sous l’effet de l’inflation, le paquet devrait quand même augmenter de 40 à 50 centimes dès janvier, a indiqué la Confédération des buralistes aux Echos. Contacté par franceinfo, le ministère a précisé que les chiffres pour 2024 devaient encore être finalisés. Interdiction des Puffs Le plan anti-tabac prévoit également un renforcement du contrôle de l’interdiction de vente des produits du tabac et du vapotage pour protéger les mineurs. Les cigarettes électroniques jetables à usage unique, les "Puffs", seront interdites à la vente, comme cela avait déjà été annoncé. Elles sont "une aberration, tant du point de vue de la santé publique que de celui de leur empreinte environnementale", a pointé Aurélien Rousseau. Une proposition de loi transpartisane allant en ce sens a reçu le feu vert hier soir des députés en commission. Elle doit arriver dans l’hémicycle lundi prochain. Un travail sera également fait pour "limiter les arômes autorisés dans les produits de vapotage", a indiqué Aurélien Rousseau. Enfin, "le paquet neutre sera étendu à tous les produits de tabac, y compris de vapotage", là encore dans le but de "protéger" les jeunes, particulièrement friands de ces produits à l’apparence ludique. Interdiction de fumer sur les plages Autre pilier important mis en avant par l’exécutif dans ce plan, la préservation de l’environnement de la pollution liée au tabac. Alors que 20 000 à 25 000 tonnes de mégots sont jetés chaque année en France, Aurélien Rousseau a annoncé "la généralisation des espaces sans tabac à toutes les plages, parcs publics, forêts, et aux abords de certains lieux publics, et principalement les établissements scolaires". Certaines communes ont déjà mis en place ces zones "sans tabac". "Nous renversons aujourd’hui la responsabilité et fixons ce principe qui devient la règle", a déclaré Aurélien Rousseau, saluant "l’engagement des maires qui ont déjà ouvert ce champ". Au micro de franceinfo ce mercredi matin, le ministre a précisé qu’il y aurait "un système contraventionnel" bien que "le but, c’est d’abord le civisme". Prescription de TNS par les pharmaciens Enfin, le plan vise à mieux accompagner les fumeurs, en particulier les plus vulnérables, vers l’arrêt du tabac. Cela passera par un renforcement de l’accessibilité des traitements de substitution nicotinique (TNS) - les gommes, patchs, etc. -, désormais "remboursés par l’Assurance maladie". "Le plan prévoit de mettre en place l’expérimentation de l’accès direct [à ces traitements] sans ordonnance auprès du pharmacien, a indiqué Aurélien Rousseau. Pour renforcer l’accompagnement des fumeurs dans leur démarche de sevrage, la prescription et la délivrance de ces substituts conduira systématiquement à proposer aux fumeurs d’être accompagnés personnellement par un professionnel de santé." Il veut en outre "renforcer l’activité physique adaptée", en cette année olympique et paralympique. Les efforts de prévention et d’accompagnement à l’arrêt du tabac seront également renforcés pour "les publics à forte prévalence du tabagisme", notamment les personnes en situation de précarité, et celles atteintes de maladies chroniques. L’outil "Tabac info service" sera aussi consolidé. Le Gouvernement entend par ailleurs s’appuyer sur le dispositif "Mon bilan prévention" pour "orienter les personnes concernées vers une prise en charge adéquate", indique le plan. Ces mesures s’accompagneront d’une transformation des métiers du tabac et d’une lutte contre les trafics, stipule le plan.
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