Selon les analyses des seringues collectées dans des récupérateurs en Ile-de-France par l'association Safe, la molécule de synthèse 4-MEC se diffuse de plus en plus, notamment dans les quartiers chics de Paris. Cette drogue de synthèse est arrivée en France après l’interdiction de la méphédrone en 2010. Elle a été interdite en 2012, en même temps que les cathinones (stimulants). Ce qui surprend l’association Safe, c’est la place qu’a pris cette molécule en peu de temps. Selon une étude en cours de publication scientifique, réalisée avec la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) et révélée par Le Monde, elle est présente dans 25 % des 3 244 seringues analysées en 2012. L'héroïne était présente dans 45,1 % des seringues, la cocaïne dans 43,8 %, la MDMA (ecstasy) dans 2,5 %. Ce qui montre que des mélanges sont faits dans les seringues, et contrairement aux bonnes pratiques, que les seringues sont réutilisées, voire partagées. C'est dans le 16e arrondissement de Paris que sa présence est la plus spectaculaire : 81 % dans les seringues prélevées dans le récupérateur proche de la station de RER Kennedy. Dans le quartier, elle y aurait remplacé, auprès d'un public à la recherche de stimulants pour des raisons festives ou professionnelles, la cocaïne, dont la présence dans les seringues est passée de 100 % à 37 % entre 2010 et 2012. "On peut penser que le profil des usagers reste le même, mais qu'ils ont changé leur façon de consommer en préférant des produits accessibles sur Internet", affirme Catherine Duplessy, la directrice de Safe. Un public bien inséré dans la société et souhaitant rester discret, qui préfère déposer ses seringues dans les récupérateurs dans la rue plutôt que de les apporter en pharmacie ou dans les centres d'accueil pour toxicomanes. "Ils ne se voient pas comme des junkies", explique Mme Duplessy, qui juge que cette population a peu conscience des risques. L’étude montre qu’on trouve peu de 4-MEC autour de la Gare du Nord (14,10 %), quartier surtout fréquenté par des toxicomanes précaires, mais davantage aux Halles (41,29 %) et à Bastille (57,38 %). Ce qui n'est pas étonnant, car la molécule est prisée des homosexuels, qui la consomment dans un contexte sexuel, même si elle n'est plus circonscrite à cette communauté. La molécule est aussi présente, dans une moindre mesure, depuis décembre et janvier, à Colombes, Cergy ou encore Mantes-la-Jolie. Par ailleurs, dans 7 % des seringues prélevées, aucun produit n'a été détecté. Leur contenu a pu se dégrader ou l'instrument a pu être rincé. Il y a une autre hypothèse : qu'elles aient contenu de nouveaux produits de synthèse, non recherchés par l'étude.
[Avec Lemonde.fr]
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