Jacqueline Jencquel, une Française de 74 ans a prévu un suicide assisté en Suisse dans 18 mois. Elle ne souffre d'aucune maladie incurable, mais redoute la vieillesse.
A son âge, dit-elle, "le sexe est en berne, l’alcool donne mal à la tête, je ne veux pas sentir le vieux, puer, être ennuyeuse, avoir une bouche de grenouille, inspirer la compassion au lieu du désir." Le jour de son départ, en janvier 2020, elle souhaite réunir son mari et ses trois enfants à Saanen, les convier autour d’une bonne table dans un restaurant parisien. Le lendemain, elle prendra le train pour Bâle, en Suisse pour rejoindre le Dr Erika Preisig, présidente de l'association Lifecircle qui lui posera la perfusion. C'est la septuagénaire qui libèrera le pentobarbital de sodium. "J’ai dévoré la vie, je ne veux pas être nourrie à la petite cuillère", se justifie Jacqueline Jencquel. Après une formation en philosophie, elle étudie les langues et épouse en commercial allemand. Ils partent vivre au Venezuela. Ils mènent la grande vie, vacances à Saint-Tropez, ski à Gstaad, plongée sous-marine dans les Caraïbes. Elle connaît pourtant un épisode de déprime au départ de son mari, et pense à la mort. C'est alors qu'elle fonde l'association Mourir dans la dignité de Caracas. Elle rencontre ensuite Jean-Luc Romero [président de l'ADMD] lors d'un congrès sur la fin de vie. Depuis, elle ne cesse de militer pour le droit à l'euthanasie. "La Suisse est plus pragmatique et humaniste, dit-elle. Le patient éclairé peut décider quand il a assez vécu si la demande est réfléchie, réitérée et correspond à une situation dont le pronostic est fatal ou s’il y a une invalidité importante ou des souffrances intolérables", indique-t-elle. Mais Jacqueline souhaite que son second pays aille au-delà de ces derniers critères. "La vieillesse est une maladie incurable dont le pronostic est toujours fatal, dit-elle. A 76 ans, on peut être encore en forme mais certainement pas en bonne santé. Quand la somme des souffrances a dépassé celle des plaisirs, l’adulte doit avoir le choix de décider de s’en aller et de bénéficier d’une aide médicale." A la découverte du témoignage et de la décision de Jacqueline Jencquel, les réactions d'indignation et de surprise ont été nombreuses. "En tant que médecin, je pense que cette charmante femme doit être mise sous antidépresseurs et bénéficier d'un suivi Psychiatrique. Vouloir mourir quand on est en pleine forme, toute pimpante, sans maladie, sans Alzheimer est pour moi un signe de dépression", a notamment réagi le Dr Laurent Alexandre. Dans la presse suisse, les médecins Mélina Andronicos et Laurent Michaud, pour le Groupe romand de prévention du suicide, ont publié une tribune pour dire leur inquiétude. "A travers un choix individuel, l’article met en avant une vision pessimiste de l’âge avancé et médiatise le suicide comme un choix "facile", "acceptable", "hygiénique" et "salutogène" pour la société, permettant de fuir la vieillesse, la maladie ou même l’ennui", note les médecins. "Changer notre regard sur la santé mentale redonnerait une place à la souffrance psychique facilitant ainsi l’acceptabilité face à la demande d’aide", ajoutent les médecins. En 2017, 286 personnes ont recouru à l’assistance au suicide en Suisse romande, soit une augmentation de 32,5% par rapport à 2016, selon les chiffres de l’association Exit. [Avec Letemps.fr et Francetvinfo.fr]
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