Les Amish vivent 10 ans de plus grâce à une mutation génétique

18/11/2017 Par Sandy Bonin
International

Une mutation génétique très rare découverte chez les Amish expliquerait leur longévité supérieure, et pourrait ouvrir la voie à la conception de traitements contre la dégénérescence liée à l'âge.

L'étude, dont les conclusions sont parues mercredi dans la revue Science Advances, a été menée auprès de 177 Amish âgés de 18 à plus de 85 ans appartement à la communauté de Berne, dans l'Indiana (nord des Etats-Unis). Elle a montré que les 43 hommes et femmes porteurs de la mutation du gène Serpine1 --responsable d'une forte réduction de la production de la protéine PAI-1-- étaient en meilleure santé et vivaient en moyenne dix ans de plus (85 ans) que leurs congénères privés de cette variation génétique. L'espérance de vie aux Etats-Unis est de 78,8 ans. Leur profil métabolique était aussi plus sain et ils souffraient nettement moins de diabète et de maladies cardiovasculaires, a relevé l'équipe scientifique internationale. Les chercheurs ont également constaté que les télomères de leurs cellules immunitaires étaient en moyenne 10% plus longs. "Nous avons confirmé avec cette étude les résultats de précédentes études suggérant que la longueur des télomères est liée à l'âge chronologique et est en grande partie héréditaire", ont-ils relevé. Le raccourcissement progressif des télomères entraîne le vieillissement biologique qui se traduit dans les cellules et les tissus de l'organisme par un accroissement de certaines protéines, dont la PAI-1 qui est la signature de la sénescence et qui a déjà été liée aux maladies cardiovasculaires. "Le groupe d'Amish de Berne offre une occasion unique d'étudier les effets biologiques de cette mutation génétique et de la réduction de la protéine PAI-1 sur la longévité des humains", ont souligné les chercheurs, relevant l'utilité d'examiner des mutations génétiques chez des populations isolées géographiquement et génétiquement. Leur étude s'est appuyée sur les résultats de précédents travaux, menés en particulier sur des souris, qui ont montré le rôle important de la PAI-1 dans la sénescence. Ils ont notamment constaté une hausse du taux de cette protéine dans le sang et les tissus de souris génétiquement modifiées pour présenter un vieillissement accéléré. Des observations chez les humains ont révélé que le niveau de cette protéine était plus élevé chez les obèses et les diabétiques, mettant en évidence le rôle fondamental du métabolisme dans la biologie du vieillissement. Ce qui avait déjà été démontré lors d'expériences sur des vers, des mouches drosophiles et des mammifères. La lutte contre la sénescence se concentre de ce fait sur la réduction des calories absorbées, pour ralentir le métabolisme, et sur des molécules produisant les mêmes effets comme la Metformine --un antidiabétique-- et le Resvératrol, un anti-oxydant abondant dans le raisin. Tous ces traitements réduisent la protéine PAI-1. La molécule expérimentale "TM5614", qui neutralise cette protéine, a fait l'objet d'un essai clinique de phase I au Japon. Les autorités nippones ont déjà autorisé un essai clinique de phase II. Des souris traitées avec cette molécule ont été épargnées de toutes les pathologies liées à l'âge et ont vu leur durée de vie quadrupler. Cette molécule anti-vieillissement représente donc un solide espoir de traiter ou de prévenir des maladies humaines résultant de la sénescence.  "Nous pensons que ce médicament peut avoir un double effet en agissant sur les processus moléculaires du vieillissement mais aussi sur les maladies qui y sont liées", a indiqué le professeur Vaughan. Selon lui, "nous pouvons ainsi prolonger la vie en bonne santé... et aussi l'espérance de vie" comme le montre l'étude auprès des Amish. [Avec AFP]

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