L’Association pour la santé environnementale du Québec a déposé une pétition le 12 février sur le site de l’assemblée nationale québécoise. Son objectif : interdire les parfums dans les établissements de santé. « Nous […] demandons au gouvernement du Québec de prendre tous les moyens nécessaires pour mettre en place une politique sans fragrances ou parfums […] dans les établissements de santé. » Telle est la revendication solennelle d’une pétition lancée le 12 février au Québec par l’Association pour la santé environnementale du Québec (ASEQ). La pétition indique notamment que « un tiers de la population [canadienne] présente des symptômes lors d’une exposition à des parfums ». Face aux dangers des cosmétiques, l’interdiction du parfum dans les établissements de santé protègerait certaines populations à risques : nourrissons, personnes asthmatiques, patients autistes ou encore sujets atteints de dermatite. La pétition peut faire sourire à première vue… mais n’est pas sans fondements scientifiques. L’impact négatif des parfums sur la santé de certains est de plus en plus reconnue. En 2016, une publication américaine indiquait que sur une 1136 adultes représentatifs de la population des Etats-Unis, 34.7% rapportaient des problèmes de santé tels que migraines ou difficultés respiratoires lorsqu’ils étaient exposés à des cosmétiques. 15.1% avaient même perdu des jours de travail, voire un emploi, à cause de leur exposition à un environnement de travail parfumé ! Rien de bien étonnant : une étude publiée en 2018 dans Science par une équipe américaine met en évidence que 53% des Composés Organiques Volatils (COV), ces particules diffusant facilement dans l’atmosphère et néfastes pour la santé, sont émis par la pollution domestique, qui comprend entre autres… les produits cosmétiques.
De fait, l’industrie du parfum utilise de nombreux composés chimiques, sans avoir besoin pour autant d’une vérification comparable à l’autorisation de mise sur le marché des médicaments. En plus d’appartenir aux COVs, certains constituants de fragrances sont ainsi allergènes, irritants voire perturbateurs endocriniens, à l’image de l’éthylhexyl-methoxycinnamate. Cette molécule est présente dans de multiples produits de beauté comme la fragrance « J’adore » de Dior. Se parfumer relèverait donc d’une sorte de « tabagisme passif cosmétique » ! De quoi réfléchir à la composition de nos parfums (composition disponible sur le site de l’UFC-Que Choisir)… ou imaginer leur suppression des hôpitaux, voire de tout lieu public d’intérieur pour les plus extrêmes. C’est le choix qu’a fait dès 2000 Halifax, capitale de province canadienne d’environ 400.000 habitants devenue la première ville « scent-free » (sans parfum) d’Amérique du Nord. Ce n’est pas le chemin que semble suivre le Québec. Disponible jusqu’au 11 mai prochain, la pétition de l’ASEQ ne recueille qu’un succès d’estime dans la Belle Province, avec un peu plus de 1100 signatures à l’heure actuelle.
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