Délégations de tâches prônées par les ordres de santé : les syndicats de médecins s'insurgent
"Stupéfaction", "manœuvre dangereuse", "manque d'imagination et d'ambition", les syndicats médicaux ne mâchent pas leurs mots pour réagir aux travaux du Comité de Liaison des Institutions Ordinales (Clio) prônant la délégation de tâches entre professionnels de santé pour résoudre les difficultés d'accès aux soins des Français. Les syndicats MG France et SML sont remontés contre l'Ordre des médecins. Ils reprochent à l'institution ses travaux dans le cadre du Comité de Liaison des Institutions Ordinales (Clio). En effet, les sept ordres des professions de santé ont planché ensemble pour tenter d'apporter des solutions à la situation critique de l'accès aux soins. Ils ont rendu leurs travaux au ministère de la Santé. Et du côté des syndicats de médecins, leurs solutions ne passent pas. Car le Clio propose notamment d'améliorer l’accès au médecin traitant en développant le partage d’actes et d’activités entre médecins et autres soignants. Il faut, selon eux, élargir les missions des professionnels de santé et des transferts d’activités. Dans les zones sous-denses ils proposent même de reconnaître toutes les professions signataires* comme faisant partie du premier recours, avec une possibilité de recours direct.
"Au lieu de chercher à renforcer l'attractivité du métier de médecin généraliste traitant, le gouvernement utilise la communication commune de l'Ordre des Médecins avec celui des Pharmaciens, des Infirmiers, des Kinés, des Sages-Femmes notamment pour nier ses fonctions, son utilité et ses compétences", condamne MG France dans un communiqué cinglant. Quant au recours direct aux autres professionnels de santé, c'est un moyen du Gouvernement d'"apprendre à la population la manière de se passer" tacle le syndicat.
"MG France, à l'origine de toutes les initiatives développant le travail de coopération entre les différentes professions de santé primaire, ne peut accepter ce renoncement, qui conduit à désorganiser l’interprofessionalité et à contourner le parcours de soin en vendant à la découpe certaines missions du médecin traitant", justifie le communiqué qui prévient qu'il "s'opposera de toutes ses forces à ces manœuvres dangereuses pour la santé publique".
Même son de cloche du côté du SML qui se dit "particulièrement déçu du manque d'imagination et d’ambition de la feuille de route des ordres". "Le médecin doit rester le pilote des parcours, sans pour autant être sur tous les fronts", estime le syndicat qui préfère miser sur les assistants médicaux et les secrétaires administratives. "En faisant de la contractualisation un préalable à toute collaboration entre professionnels de santé, les ordres volent au secours de la vision administrée promue par les services centraux des tutelles et se désintéressent de la liberté de choix du patient", pointe le syndicat de médecins libéraux. *Le Clio rassemble l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes, le Conseil National de l'Ordre des Sages-Femmes, le Conseil National de l'Ordre des Médecins, l'Ordre National des Pharmaciens, l'Ordre National des Infirmiers, l'Ordre National des Chirurgiens-Dentistes et l'Ordre National des Pédicures-Podologues
La sélection de la rédaction
Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?
François Pl
Non
Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus