L'année 2022 marquera "un tournant pour la médecine libérale", souhaite la CSMF

14/01/2022 Par Aveline Marques
Syndicalisme
Dressant le bilan d'une année 2021 encore fortement marquée par la crise sanitaire et traçant les perspectives d'une année 2022 qui sera marquée par les élections présidentielle et législatives et le début des négociations de la nouvelle convention, la CSMF a présenté 10 propositions pour relever le défi de l'accès aux soins, lors de la traditionnelle conférence de presse de présentation des vœux, jeudi 13 janvier.
 

« L’année 2022 sera certainement une année qui marquera un tournant pour la médecine libérale dans notre pays et finalement pour le système de soins en général. » C’est en tout cas le vœu formulé par le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, jeudi 13 janvier, à trois mois du premier tour de l’élection présidentielle. Alors que l’année sera également celle des élections législatives et du lancement de la négociation de la nouvelle convention médicale – des « réunions préparatoires » sont prévues dès mars - la confédération a formulé 10 propositions pour améliorer l’accès aux soins, véritable « enjeu » de ces grands rendez-vous. Un « défi que les médecins libéraux doivent relever afin de ne pas se faire imposer des mauvaises solutions qui seront inefficaces », souligne Jean-Paul Ortiz, en particulier une régulation à l’installation qui « ne résoudrait rien », insiste le syndicaliste. Afin de susciter des installations, la CSMF souhaite une « formation ouverte sur le libéral » avec des stages « à l’extérieur de l’hôpital » dès le deuxième cycle. Le troisième cycle « doit être le temps d’un exercice partagé entre les structures hospitalières publiques, les cliniques privées, les cabinets de ville et les exercices regroupés en ville ». « Le numerus clausus [désormais apertus, NDLR] devra certainement être encore adapté », estime Jean-Paul Ortiz. Les mécanismes d’incitation à l’installation ne doivent pas être abandonnés : la CSMF plaide au contraire pour leur développement dans les zones sous-denses, mais pas seulement. « Les collectivités locales doivent s’y investir » et les échanges avec les professionnels doivent se multiplier afin d’ « instaurer un véritable compagnonnage ». L’exercice regroupé « sous toutes ses formes » doit être favorisé et accompagné. La confédération appelle ainsi les ARS à soutenir les équipes de soins (primaires ou spécialisées) « en attendant que la Cnam se décide enfin à les financer ». L’exercice multi-sites doit être soutenu, « en défrayant les médecins qui vont exercer à quelques kilomètres ou dizaines de kilomètres de leur cabinet principal », demande Jean-Paul Ortiz. Les collectivités doivent mettre à disposition des locaux pour accueillir le médecin qui viendra « une à deux fois par semaine ou une à deux fois par mois en fonction de la spécialité et des besoins ». Et les honoraires doivent être majorés de 30% « partout ». Parce que « le médecin aujourd’hui ne peut plus exercer seul », qu’il doit être « déchargé de tâches qui peuvent être exercées par d’autres » afin de lui permettre de « se recentrer sur son expertise », le dispositif des assistants médicaux doit être assoupli, insiste la CSMF : il faut « aller vers un assistant médical par médecin » dans toutes les zones sous-denses, « sans conditions ». Le travail avec les infirmières...

en pratique avancée est plébiscité mais la confédération pose ses conditions : les IPA doivent travailler « par délégation de tâche sous la responsabilité des médecins », en « ayant une autonomie après l’orientation par le médecin dans le cadre d’un parcours de soins coordonné et protocolisé », développe Jean-Paul Ortiz, qui insiste : « tous les mots ont leur importance ». La coordination, entre médecins généralistes et autres spécialistes, et entre professions de santé, doit être « le maitre mot de l’organisation des parcours de soins ».   Olivier Véran "n'a pas su apprécier" l'engagement "sans faille" des médecins libéraux Pour renforcer l’attractivité de l’exercice libéral, la CSMF réclame encore et toujours « un investissement massif » dans les soins de ville. « Le futur président est-il disposé à inverser la logique actuelle », qui centre le système de santé sur l’hôpital ? Le Dr Ortiz regrette en tout cas que les « efforts » des médecins libéraux dans la crise sanitaire (tests, vaccination, prise en charge des cas de Covid en ville), qu’ils n’ont pas relâchés « malgré les critiques, les injures, les agressions verbales voire les agressions physiques et les destructions de matériel ou de cabinet », soient insuffisamment reconnus par le Gouvernement. Un engagement « sans faille » que « malheureusement le ministre de la Santé n’a pas su apprécier et a souvent oublié, concentrant son attention sur les structures hospitalières », a-t-il déploré. La prochaine convention devra ainsi mieux valoriser l’expertise médicale pour la CSMF, qui propose de mettre en place pour toutes les spécialités quatre niveaux de rémunération de la consultation en fonction de la complexité et du temps passé. La CSMF appelle à développer davantage la téléconsultation dans les zones sous-denses, « avec assistance d’une infirmière libérale dans les territoires éloignées » et à « impulser » et « revaloriser » la télé-expertise. Enfin, le syndicat réclame en « urgence » une facilitation du cumul emploi-retraite des médecins via une défiscalisation, un allégement des charges, une suppression des cotisations retraite (voire l’obtention de nouveaux droits). « Certaines propositions pourraient être mises en œuvre dès maintenant : il y a urgence et ce n’est pas parce que nous sommes en période préélectorale que la santé des Français doit en pâtir », souligne Jean-Paul Ortiz.  

Jean-Paul Ortiz ne briguera pas de nouveau mandat
Au terme de deux mandats de quatre ans à la tête de la confédération, le néphrologue a annoncé officiellement qu’il ne se représenterait pas lors de l’élection du nouveau conseil national qui doit se tenir en mars prochain. « Il faut savoir passer la main », a-t-il déclaré, regrettant toutefois de ne pas pouvoir aller au bout du projet de rénovation de la CSMF. « Je resterai actif dans le monde de la santé », a-t-il toutefois précisé.

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