Paiement à l’acte, retraite, innovation… Ce que les Spécialistes-CSMF vont défendre aux élections URPS

29/01/2021 Par Louise Claereboudt
Syndicalisme
Lors d’une conférence de presse, jeudi 28 janvier, le président des Spécialistes-CSMF, le Dr Franck Devulder, a présenté les grandes lignes du programme du syndicat en vue des élections professionnelles. Zoom sur les 10 mesures phares.

  “Un projet politique ambitieux, mais réaliste”, a défendu ce jeudi 28 janvier le Dr Franck Devulder, président des Spécialistes-CSMF. A quelques mois des élections professionnelles URPS, le tout jeune syndicat, créé en janvier 2020 après le départ des représentants de 9 spécialités médicales - qui ont fondé Avenir Spé-, veut lancer un message fort aux électeurs. Il appelle aujourd’hui à l’unité autour de valeurs fondamentales : “l’innovation, l’expertise, la formation, et la coordination”. “Nous, Spécialistes-CSMF, pensons qu’il nous faut un plan Marshall pour la santé des Français”, a déclaré le Dr Devulder, déplorant que le Ségur de la santé n’ait pas été à la hauteur de leurs attentes et rappelant qu’ils ont été les premiers à claquer la porte des négociations conventionnelles en octobre dernier et ce, bien que la CSMF soit “un syndicat  conventionniste, progressiste”. “Ce n’était pas un coup de pub, a assuré le gastro-entérologue libéral. Les médecins attendent plus!”  

  Alors que huit syndicats médicaux ont déclaré faire la course aux élections professionnelles, les Spécialistes-CSMF se sont réjouis d’être “le seul syndicat à être présent dans toutes les régions, avec des listes complètes, dans les deux collèges”. Au total, ce sont 27 spécialités médicales et chirurgicales qui seront représentées avec “36% de femmes” et “des têtes nouvelles”. Le Dr Devulder a rappelé l’importance de ces élections, après le report de la convention en mars 2023. Craignant une moindre participation liée au vote électronique, le président du syndicat a fait valoir “la possibilité de peser sur l’avenir de la médecine libérale” en lui “redonnant ses lettres de noblesse”. Voici le programme en 10 points que le syndicat compte défendre afin de répondre aux “enjeux de la demande de soins et de la démographie de demain”. Ce programme sera détaillé au fil des semaines.   Défendre le paiement à l’acte D’emblée, le président de la branche “spécialistes” de la CSMF a réaffirmé son attachement au paiement à l’acte et la nécessaire revalorisation  “d’un certain nombre d’actes”. “Comment peut-on admettre aujourd’hui qu’un certain nombre de prises en charge et d’actes aient un tarif qui soit identique à celui de 1993 ?” s’est-il interrogé, prenant pour exemple le prix d'une coloscopie, identique à celui de 1993. Indiquant que les spécialistes ont “subi la complexité de la dernière convention de 2016”, le Dr Devulder a défendu la mise en place de 4 niveaux de consultation. “Charge à chacune des spécialités de définir entre elles quelle est la complexité dans chaque exercice particulier et annoncer une nécessaire revalorisation”, a-t-il précisé.

Le gastro-entérologue a ainsi plaidé pour “le principe d’un espace de liberté tarifaire”. “Il convient d’en définir les contours et les modalités d’accès. Ces modalités doivent être basées sur la formation initiale, la formation continue, sur un engagement territorial, un engagement professionnel au service des autres. Il y a moult façons de trouver un moyen de sortir par le haut, de trouver cet espace de liberté qu’il convient d’encadrer. Il ne s’agit de faire tout et n’importe quoi.” Il a par ailleurs expliqué que “le forfait fait sens” dans le cadre des équipes de soins spécialisées.   Faciliter l’accès aux soins et aux soins non programmés Le président du syndicat s’est dit “convaincu” par l’exercice coordonné et les équipes de soins spécialisées et “prêt” à relever le défi. “L’équipe de soins spécialisée, c’est donner à chaque Français la possibilité d’avoir un médecin spécialiste relativement près de chez soi. Simplement, le médecin spécialiste, s’il quitte son cabinet principal pour aller sur son site distinct aujourd’hui, il perd de l’argent. Il n’a aucun intérêt à le faire. Ses carnets de rendez-vous sont plein et quand il va consulter à distance, il n’a rien.” Le Dr Devulder a appelé l’exécutif à donner les moyens aux spécialistes pour favoriser l’entreprise médicale et accroître l’attractivité du secteur.   Redéfinir les contours du métier S’il a réaffirmé l'importance de se coordonner avec d'autres professionnels de santé, le Dr Devulder a soulevé la problématique des transferts de compétence “Quand on transfère la compétence, on diminue la qualité”, a-t-il assuré, précisant que le syndicat était “vent debout contre le projet, qu’on prête à notre ministre, d’aller vers la création d’officiers de santé”.

  Améliorer la rémunération sur objectifs Sur le volet rémunération, le Dr Devulder a évoqué l’intérêt de la rémunération sur objectifs dans la médecine spécialisée. “Aller sur des rémunérations sur objectifs, c’est s’inspirer de ce qui se fait en Amérique du Nord, dans le nord de l’Europe, de critères de qualité, de pertinence”, a-t-il dit. Il a en effet déploré le mécanisme de régulation tarifaire pour les radiologues. “Les radiologues ont subi ce qu’on a appelé la pertinence, qui en fait est de l’efficience.”   Valoriser l’innovation Jean-Paul Ortiz l’avait déjà indiqué lors de ses vœux à la presse, l’année 2021 sera l’année de l’innovation pour la CSMF. Dès le printemps, des travaux vont être entrepris au siège de la Confédération pour en faire la “Maison de tous les médecins libéraux” et y installer un incubateur de start-up. L’idée : “choisir les start-up qui vont faire évoluer cette médecine libérale nouvelle”, a précisé le Dr Devulder. Le siège de la CSMF accueillera le “cabinet 2030”, qui sera un “cabinet branché, connecté, innovant sur un plan technique et organisationnel”.   Rendre le métier attractif Alors que les listes de la CSMF voient l’arrivée de nombreux jeunes médecins, le Dr Devulder a souligné l’importance de rendre le métier attractif. Cela passe notamment par la valorisation du travail en groupe et coordonné, mais aussi par une formation complémentaire à la gestion d’une entreprise médicale. “Ce qui fait peur à un jeune médecin, c’est de sortir de l’hôpital, de visser sa plaque et de devoir faire le docteur, le chef d’entreprise, et gérer la Carmf, l’Urssaf et tout cela. Parce qu’on n’a pas été formés pour [...] Le libéral, ça s’apprend”, a assuré le Dr Devulder. Ce dernier s’est par ailleurs montré favorable  aux stages en médecine libérale en 3e cycle, mais aussi en 2e cycle. “Ouvrons les portes.”

  La retraite Si le président des Spécialistes-CSMF ne s’est pas éternisé sur le sujet des retraites, il a toutefois rappelé son attachement au “complément plan retraite”. “Faire travailler des retraités mais avoir des cotisations sans droits, ce n’est pas possible”, s’est-il insurgé.   Favoriser la coordination Le Dr Devulder a, tout au long de la conférence de presse, insisté sur la notion de coordination entre les spécialistes en médecine générale et les autres spécialistes qu’il juge “nécessaire”.   Améliorer la qualité de vie du médecin Autre point défendu par le syndicat : l’amélioration de la qualité de vie des médecins, qui ne travaillent plus aujourd’hui comme ils travaillaient avant, a déclaré le Dr Devulder, attirant l’attention sur la nécessité “d’associer un projet de vie à un projet économique”.   Santé environnementale Alors que l’environnement prend de plus en plus de place dans le discours politique et dans la vie des Français, les Spécialistes-CSMF se sont montrés attachés à la santé environnementale en développant par exemple les “cabinets verts”, mais aussi en favorisant l'avènement du numérique en santé. Enfin, le Dr Devulder a évoqué son attachement à l'indépendance des praticiens en établissements de santé, aujourd’hui difficile à garantir pleinement vis-à-vis de la direction. "On ne veut pas jouer les irréductibles Gaulois, on demande d’avoir une indépendance raisonnée, a défendu le Dr Devulder.        

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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