Quand l'Assurance maladie balance aux employeurs les motifs d'arrêts de travail
Dans le cadre d'une expérimentation lancée fin 2017, l'Assurance maladie va renseigner les entreprises connues pour leur fort taux d'absentéisme sur les raisons pour lesquelles ses salariés sont arrêtés.
Cible : les entreprises dont le taux d'absentéisme est quatre fois plus important que les sociétés de la région appartenant au même secteur d'activité. Objectif de cette expérimentation : provoquer une "prise de conscience" sur les conditions de travail, souvent corrélées à la durée des arrêts. Secret médical ? Pour y parvenir, l'Assurance maladie emploiera deux stratégies : indiquer le coût direct (valeur des salaires versés) et indirect (jusqu'à 4 fois supérieur) des absences et renseigner sur les motifs d'arrêts de travail des salariés. "En cas de contrôle de l'assuré, le motif de l'arrêt est codifié, nous disposons donc de l'information, expose dans L'Express Laurent Bailly, responsable du département des services aux assurés. En l'absence de contrôle, nous parvenons à reconstituer la pathologie à partir des consultations et des remboursements de médicaments. Par exemple, si le salarié a vu un psychiatre et pris des antidépresseurs, on peut en conclure qu'il a été arrêté pour dépression. Ce sont des algorithmes qui font le travail. Ils ont été développés à l'origine par le service du contrôle médical, pour essayer de mieux prévoir les contrôles en fonction des pathologies." Quid du secret médical ? interpellent les médecins sur les réseaux sociaux.
Oula...Avis de @ordre_medecins @BouetP @Jcqslucas ? La Sécu dévoile à des employeurs les motifs d'arrêt de travail de leurs salariés https://t.co/lKfA3dxn5q via @Lentreprise
— Dr Gérald KIERZEK (@gkierzek) 24 janvier 2018
Cher Gérald,
— Jacques Lucas (@Jcqslucas) 25 janvier 2018
Nous allons d’abord nous informer précisément et nous agirons ensuite le cas échéant, s’il existe un risque d’identification d’un salarié en particulier. Ce qui ne semble pas être le cas à la lecture intégrale de l’article. https://t.co/yyhPo9yBVE
D'abord, précise Laurent Bailly, seuls les arrêts pour troubles musculo-squelettiques (TMS), lombalgies et risques psychosociaux (RPS) seront renseignés. "Les petits arrêts courants (virus, poignet foulé, etc.), ainsi que les affections de longue durée" sont laissés de côté. "Toutes les données sont analysées avec les médecins conseils et les Carsat (caisses retraite et santé au travail), et on s'assure qu'il n'est pas possible, même de manière indirecte, de tracer les personnes", affirme Laurent Bailly. C'est pour cette raison que l'expérimentation ne concernera que des entreprises de plus de 200 salariés. "Dans les plus petites sociétés, l'employeur pourrait trop facilement établir un lien évident avec tel ou tel collaborateur", reconnaît le responsable, qui précise que les partenaires sociaux ont "donné le feu vert pour cette expérimentation, convaincus par les garanties de secret médical que nous leur avons apportées". Taux d'absentéisme supérieur à 20% Les directeurs de CPAM se déplaceront en personne dans les entreprises. Une quarantaine de sociétés seront visitées en 2018. A terme, l'expérimentation concerna 200 entreprises par an. "Pour l'instant, cinq entreprises ont été visitées, à Amiens, Bourg en Bresse, Marseille, Grenoble et l'une sur la Côte d'opale. Elles relèvent du secteur de l'aide à la personne, du conseil, du gardiennage et de la sécurité" et se démarquent toute par leur taux d'absentéisme supérieur à 20%. "Dans deux entretiens sur quatre, le dirigeant nous a dit que la durée des arrêts de travail était aussi notre problème, rapporte Laurent Bailly. Mais du coup, on s'est dit que, la prochaine fois, avant de démarcher l'entreprise, on contrôlerait ses salariés en arrêt au préalable, pour que l'argument ne puisse pas nous être opposé." [avec lentreprise.lexpress.fr]
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