Incitation au viol, tournage d'un film porno, mur des seins… Enquête sur le bizutage à la fac de médecine de Caen
Le week-end d'intégration des étudiants de 2e année de la faculté de médecine de Caen a été annulé, suite à des soupçons de bizutage lors de l'édition 2016. Le Parquet a ouvert une enquête. Des photographies à caractère pornographique, des scènes d'humiliations sexistes, des témoignages à charge… Pendant des mois, les syndicats SUD éducation Calvados et SL ont constitué un dossier témoignant des dérapages commis lors du week-end d'intégration des étudiants de 2ème année de la faculté de médecine de Caen. Début octobre, la procureure de la République de Caen, Carole Etienne, a ouvert une enquête sur ces soupçons de bizutage. Les auditions vont commencer. Tourner un film porno Dans le viseur, la Corpo, association étudiante chargée de l'organisation des événements festifs, et sa liste de 69 commandements, en majorité à caractère sexuel et délictuel, que les "bizuts" sont incités à réaliser en amont du week-end d'intégration pour marquer des points, photos et vidéos à l'appui : exploser un préservatif avec le nez, courir nu dans le centre-ville, tourner un film porno, "se faire bifler [gifle avec un pénis, NDLR] par Rosy avec son gode"… Dans le bureau de "Rosy", salarié de la Corpo jusqu'en juin dernier, des photocopies de seins d'étudiantes ont été découvertes affichées au mur, lors d'une visite de sécurité. Aude Houdan-Fourmont, directrice de la prévention de l'université de Caen, les a fait retirer, ce qui lui aurait valu de figurer sur l'affiche annonçant le gala de médecine en mars dernier, aux côtés de Marisol Touraine, d'un professeur d'université et d'une étudiante qui a dénoncé les pratiques de la Corpo. Cette dernière étant représentée dénudée et ensanglantée, gisant au sol. Pour les syndicats SUD et SL, il s'agit ni plus ni moins d'une incitation au viol. Alertés par cette affiche, les syndicats ont commencé à mener l'enquête sur les réseaux sociaux et ont découvert "un bizutage institutionnalisé" sur le groupe Facebook secret de la corpo. Corps recouvert de sacs-poubelles et de substances Un bizutage qui trouve son point d'orgue lors du week-end d'intégration, le WEB ("week-end bizutage"). Le vendredi soir, les étudiants de 2e année partent dans des voitures bâchées avec des sacs-poubelles. Ils ont pour consigne de ne pas emporter d’alcool, ni de drogues, et ne pas prononcer le mot "bizut" en cas de contrôle de police. A chaque étape du trajet, les 3e années, masqués, leur lancent toutes sortes de "nourriture ou de choses dégoûtantes à base de différents fluides corporels en criant 'à mort bizut !'", témoigne Tiffany, en quatrième année de médecine, dans Le Monde. Le dossier de SUD Education montre des photographies d’étudiants à terre, mains et pieds attachés, visage dissimulé, corps recouvert de sacs-poubelles et de substances. Des pratiques pourtant interdites par la loi de 1998 sur le bizutage. "Le fait pour une personne d’amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants" est puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende. Lundi 23 octobre, les étudiants ont été informés que le WEB, prévu ces 28 et 29 octobre, a été annulé. "Les événements festifs sont généralement bien encadrés. Mais nous ignorions l'existence de ces commandements, réalisés en amont à titre individuel. Certains sont potaches, d'autres illégaux s'ils ont effectivement eu lieu", a déclaré à l'AFP le président de l'université de Caen, Pierre Denise. Ce dernier s'est engagé à mettre en place "un contrôle plus strict" des fêtes étudiantes et "une formation obligatoire pour l'ensemble des responsables des associations étudiantes". [avec lemonde.fr]
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