FMC : 10 points clésAddiction à l’alcool

Le sevrage vise à améliorer la qualité de vie du patient et prévenir les complications. Certaines circonstances imposent de le réaliser en milieu hospitalier.

08/02/2021 Par Dr Guy Scémama
  1. 01
    Point formation n°1

    L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit le mésusage des boissons alcoolisées comme une consommation occasionnelle ≥ 4 verres par occasion, ou une consommation régulière ≥ 3 verres par jour pour l’homme et ≥ 2 verres par jour pour la femme. De nouvelles recommandations définissent comme limite de consommation 10 verres par semaine avec 2 jours sans consommation. Cette consommation excessive devient nocive lorsqu’elle s’accompagne d’un dommage médical, social et/ou psychique, ou d’une alcoolodépendance.

  2. 02

    On estime à 1,5 million le nombre de personnes alcoolodépendantes en France, et à 2,5 millions les consommateurs à risque pouvant encore contrôler leur consommation. La consommation excessive d’alcool est la cause directe ou indirecte de 49 000 décès par an.

  3. 03

    On distingue deux types d’alcoolodépendance :
    – primaire, consécutive à une consommation récréative ou sociale régulière et généralement excessive, durable ;
    – secondaire, développée sur des troubles psychiques préexistants, l’alcool étant alors pris en automédication anxiolytique et/ou désinhibitrice.
    Les signes cliniques sont le critère essentiel de l’évaluation de l’alcoolodépendance.
    Les marqueurs biologiques (VGM, gamma-GT, transférine déficiente en carbohydrate [CDT]) n’ont de valeur que si leurs résultats sont anormaux (leur normalité est compatible avec une alcoolodépendance sévère).

  4. 04

    On rencontre deux principaux types de consommation pathologique conduisant au déni de son addiction par le patient :
    – les buveurs cycliques, qui consomment massivement par périodes intermittentes mais récurrentes et ont du mal à accepter la réalité de leur maladie car leurs périodes d’abstinence leur font croire qu’ils n’ont pas de problème de dépendance ;
    – la consommation quotidienne chronique à alcoolémie constante, qui prévient les symptômes de manque, l’absence d’abus spectaculaires donnant au patient l’impression de contrôler sa consommation.

  5. 05

    Les objectifs de la prise en charge sont :
    - arrêt de la consommation ;
    - amélioration de la qualité de vie du patient ;
    - prévention des rechutes ;
    - prévention des complications dues à une consommation excessive d’alcool.

  6. 06

    Le sevrage est un moment de rupture qui doit favoriser la prise de conscience de la dépendance à l’alcool. Il repose avant tout sur le désir ou le besoin de changement du patient alcoolodépendant.
    Le sevrage doit être programmé, en laissant au patient le choix du contexte, et en renforçant sa motivation préalable. Il n’y a pas de contre-indications absolues au sevrage, mais il existe des non-indications au sevrage immédiat : absence totale de demande et de motivation du sujet, absence de projet thérapeutique et de projet social.

  7. 07

    Le sevrage doit être réalisé en milieu hospitalier dès lors que la consommation est considérée comme importante, qu’il y a des antécédents de complication de sevrage, qu’il existe des codépendances et que la situation familiale et/ou sociale ne le permet pas.

  8. 08
    Point formation n°8

    La prise en charge initiale repose sur les benzodiazépines associées à une hydratation importante et des supplémentations (vitamine PP, vitamine B6, acide folique…). Les outils de prise en charge disponibles sont nombreux, entretien motivationnel, thérapie cognitivo-comportementale, renforcement communautaire, pleine conscience, prise de différents médicaments dont l’utilisation est loin d’être systématique ou obligatoire. Outre les unités hospitalières d’addictologie, plusieurs types de structures d’accueil dédiées sont à disposition des patients et de leur entourage de manière gratuite et confidentielle.

  9. 09

    Les complications psychiatriques au sevrage sont fréquentes : 80 % des patients présentent des troubles dépressifs à l’occasion du sevrage. Ceux-ci régressent en deux à quatre semaines. On ne peut exclure des formes sévères avec risque suicidaire. On attendra un délai de deux à quatre semaines avant d’introduire un antidépresseur, en l’absence de risque suicidaire ou de syndrome dépressif sévère. L’accompagnement psychologique doit être renforcé durant le sevrage, ainsi que dans ses suites.

  10. 10

    Les recommandations les plus récentes s’orientent vers la réduction de la consommation, car le sevrage est souvent impossible. Le choix entre abstinence ou réduction de la consommation doit être laissé au patient.

Références :

- Wood AM, et al. Risk thresholds for alcohol consumption: combined analysis of individual-participant data for 599 912 current drinkers in 83 prospective studies. The Lancet 2018;391(10129):1513-23.

Le Dr Guy Scémama déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.

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