FMC : 10 points clésTabac : les modalités du sevrage
Le tabagisme reste un problème de santé publique majeur, notamment chez les jeunes. La vigilance est de mise avec la cigarette électronique.
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01Point formation n°1
On compte actuellement environ 16 millions de fumeurs en France, et 75 000 décès ont été attribués en 2015 au tabagisme. Le tabagisme actif est principalement responsable de plusieurs pathologies respiratoires, notamment le cancer bronchopulmonaire (90 % des cancers bronchopulmonaire sont liés au tabagisme actif, avec près de 30 000 décès par an) et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), qui touche environ 3,5 millions personnes en France.
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Le Programme national de réduction du tabagisme 2014-2019 puis le Plan national de lutte contre le tabac 2018-2022 ont vraisemblablement contribué à une baisse de la prévalence du tabagisme en France au cours de ces dernières années, passant de 28,5 % de fumeurs quotidiens en 2014 à 24 % en 2019.
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L’usage des produits de vapotage est en revanche en forte augmentation : 37,4 % des 18-75 ans ont déclaré en 2020 avoir déjà expérimenté la cigarette électronique, en hausse par rapport à 2019 (34,4 %). L’usage actuel d’une vapoteuse a été déclaré chez 5,4 % des 18-75 ans, et la prévalence du vapotage quotidien s’élevait à 4,3 %, proportions stables par rapport à 2019 selon le Baromètre de Santé publique France 2020.
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La Haute Autorité de santé (HAS) recommande à chaque professionnel de santé de dépister le statut tabagique de chaque patient, et chaque consultation médicale doit pouvoir être l’occasion d’un conseil concernant l’arrêt du tabagisme.
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Plusieurs méthodes permettent de cesser le tabagisme, y compris les substituts nicotiniques ou les agonistes partiels de la nicotine (varénicline), ainsi qu’une prise en charge cognitivo-comportementale. Cet arsenal thérapeutique pourrait être complété par des thérapies non conventionnelles comme l’hypnose, l’acupuncture ou l’auriculothérapie. Toutefois, il n’y a aucune donnée scientifique permettant de recommander leur utilisation. La varénicline et le bupropion ne doivent pas être utilisés avant 18 ans et chez la femme enceinte. Ils ne doivent être prescrits qu’en deuxième intention, après échec des substituts nicotiniques. La prescription de ces produits nécessite un suivi régulier auprès d’un professionnel de santé.
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La prise en charge du fumeur se fait par l’interrogatoire évaluant la consommation, y compris la quantité calculée en paquets-années, l’âge de début du tabagisme, etc. La dépendance physique liée au tabac sera évaluée par le test de Fagerström dont les principales questions sont le délai entre le réveil et la première cigarette et le nombre de cigarettes fumées par jour.
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Le sevrage tabagique peut entraîner des symptômes cliniques importants, notamment un état d’anxiété, une humeur dépressive, des troubles de la concentration, une irritabilité, une agitation, une insomnie, une sensation de faim, des céphalées, des troubles gastro-intestinaux et des troubles du sommeil. La durée de ces symptômes est plus importante durant les trois premiers jours, mais la plupart s’amendent en deux à quatre semaines. La prise de poids post-sevrage tabagique est fréquente ; les personnes qui arrêtent de fumer prennent en moyenne 4 à 5 kg.
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08Point formation n°8
Le Forum des sociétés respiratoires internationales a rédigé récemment un article concernant l’usage croissant et les risques associés à la cigarette électronique chez les jeunes. Il s’agit d’une population particulièrement vulnérable car les adolescents sont très sensibles à la dépendance à la nicotine, ce qui affecte le développement cérébral, même chez ceux qui fument rarement. Les jeunes qui deviennent dépendants à la nicotine risquent davantage de devenir des consommateurs de tabac à vie. Le Forum recommande donc que les cigarettes électroniques soient réglementées comme des produits du tabac et incluses dans les politiques anti-tabac. La vente de cigarettes électroniques devrait être interdite aux jeunes du monde entier.
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09
Il a été montré que la cigarette électronique est associée à une probabilité accrue d’initiation ultérieure du tabagisme, et les jeunes sont plus susceptibles de fumer des cigarettes plus tard dans leur vie par rapport à ceux qui n’ont jamais utilisé la cigarette électronique.
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La prévention reste donc un élément clé, notamment chez les adolescents et les jeunes adultes. Les mesures principales sont l’interdiction de toute publicité de tabac, l’éviction du tabagisme passif, l’éducation et l’information et une poursuite d’augmentation des prix de tous les produits du tabac. La cigarette électronique n’est pas recommandée à ce jour par la HAS comme outil d’aide à un sevrage du tabac, car son efficacité et son innocuité n’ont pas été suffisamment étudiées. Du fait de sa toxicité moins forte qu’une cigarette, la HAS considère malgré tout son utilisation chez un fumeur avec un objectif de sevrage tabagique.
Références :
- Ferkol TW, et al. Electronic cigarette use in youths: a position statement of the Forum of International Respiratory Societies. Eur Respir J 2018;51.
- Soneji S, et al. Association between initial use of e-cigarettes and subsequent cigarette smoking among adolescents and young adults. JAMA Pediatr 2017;171:788-97.
- Hammond D, et al. Electronic cigarette use and smoking initiation among youth: a longitudinal cohort study. CMAJ Can. Med. Assoc. J J Assoc Medicale Can 2017:189, E1328-E1336.
- Baromètre de Santé publique France. 26 mai 2021.
Le Dr Sven Günther déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.