16ème Congrès de l’Encéphale : des psychiatres au bord de l’épuisement
Le 16 ème congrès annuel de l’Encéphale, qui s’est déroulé du 24 au 26 janvier derniers à Paris, a été l’occasion de dresser un bilan de la psychiatrie d’aujourd’hui, et d’alerter sur les difficultés que connait la profession. Les grandes pathologies comme les troubles bipolaires ou encore la schizophrénie ont été évoqués avec des nouveautés dans leur prise en charge.
Violences, surcharge de travail, coupes budgétaires...: la psychiatrie est en crise, comme l’ont rapporté plusieurs interventions au récent congrès de l’Encéphale (Paris 24-26 janvier 2018). Une étude réalisée sur 820 psychiatres inscrits à ce congrès - dont 70% d’hospitaliers - en souligne bien l’importance, en rapportant que la moitié des participants se décrivaient comme étant en burn out ou vulnérables à ce syndrome. Deux psychiatres sur trois se disaient aussi épuisés et 89% frustrés. La violence dans leur vie professionnelle concernerait 85% d’entre eux. Cette première enquête sur ce sujet, initiée sous l'impulsion du comité du congrès de l’Encéphale et sous la coordination scientifique du Dr Philippe Nuss, a utilisé le test du Copenhague Burn-out Inventory (CBI), un questionnaire qui explore trois dimensions du burn out : l'épuisement personnel, l'épuisement professionnel et l'épuisement relationnel. En fonction des réponses, les répondeurs étaient classés en : "pas à risque de burn-out", "vulnérable au burn-out" ou "en burn-out". Les résultats montrent que, pour les psychiatres, le burn out touche principalement les sphères personnelle et professionnelle, mais beaucoup moins la relation avec le patient. Dans leurs commentaires, les psychiatres interrogés mentionnaient souvent un poids administratif majeur, un stress et une surcharge de travail, mais soulignaient leur passion pour leur métier. "La psychiatrie est la plus belle des disciplines médicales, mais son exercice se fait dans des conditions de plus en plus difficiles. La pratique de notre spécialité est susceptible de générer un niveau de stress très important", affirmaient d’ailleurs les auteurs de l’étude dans leur introduction au questionnaire. Un manque de moyens humaines et financiers Le syndicat de psychiatres des hôpitaux (SPH) résumait ainsi, dans un communiqué en novembre dernier : "la situation de la psychiatrie publique en France, c’est : une augmentation des files actives de patients (plus de 2 millions de patients suivis, plus de 60 % de croissance en 10 ans selon la Drees) mais une réduction du nombre de soignants (de 8% à 47 % de réduction selon les catégories de professionnels en 15 ans selon l’Irdes, et un taux de vacances de postes de praticiens hospitaliers à temps plein de 27% selon le CNG), ce qui signifie une diminution du temps soignant auprès des patients ; […] une augmentation des mesures de soins sans consentement (1200 mesures de plus entre 2012 et 2015 selon l’IRDES), avec de grandes variations selon les régions qui restent inexpliquées ; une réduction en nombre de lits des capacités d’hospitalisation et des durées moyennes de séjour à l’hôpital divisées par 3,7 en 30 ans". A l’occasion du congrès, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s’est engagée à ce que "la psychiatrie ne soit plus le parent pauvre" de la médecine. Il s’agit pour elle d’une "discipline d’avenir" pour laquelle elle s’est engagée à garantir les financements dans les Groupements hospitaliers de territoires et les hôpitaux généraux.
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