Asthme : plusieurs données suggèrent la nocivité de la cuisson au gaz
Depuis plusieurs années, l’utilisation d’une cuisinière à gaz pour la cuisson des aliments fait débat, car suspecte d’être nocive pour la santé respiratoire notamment des enfants. Le problème est majeur car ce mode de cuisson est très répandu aux Etats-Unis, concernant 35% des foyers. Des chercheurs américains ont donc montré une étude pour quantifier la fraction d’asthme infantile attribuable à ces cuisinières à gaz. Les résultats viennent d’être publiés dans l'International Journal of Environmental Research and Public Health. Les auteurs se sont basés sur les études précédemment publiées sur ce sujet et sur l'American Housing Survey pour avoir la proportion d'enfants (<18 ans) exposés aux cuisinières à gaz. Ils ont ainsi pu calculer que 12,7% des cas actuels d'asthme chez les enfants sont attribuables à la cuisine au gaz.
D’autres résultats, provenant d’une étude européenne vont dans le même sens, en montrant que la cuisson au gaz domestique (plaques de cuisson, fours, cuisinières) entraine des quantités de dioxyde d’azote (NO2) dans l’air intérieur qui dépassent les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la qualité de l'air, et ce plusieurs fois par semaine tout au long de l'année. Ce rapport émane de l’ONG Clasp et de l'Alliance européenne pour la santé publique (Epha) avec la contribution technique de l’Organisation pour la recherche scientifique appliquée aux Pays-Bas (TNO).
Le rapport établit aussi que les plaques de cuisson à gaz produisent également du monoxyde de carbone, des particules ultrafines et d'autres polluants pouvant avoir de graves effets sur la santé, en particulier chez les enfants. Ainsi, selon les auteurs, le nombre d'enfants dans l'UE présentant des symptômes d'asthme survenus au cours des 12 derniers mois en raison de la cuisson au gaz est estimé à plus de 700 000, soit 12% des cas d'asthme actuels chez les enfants de l'UE. En France, le rapport estime que plus de 140 000 enfants souffrent d’asthme à cause de la cuisson au gaz, alors que 31,7% des ménages français cuisinent au gaz.
Selon Clasp, plus de 100 millions de citoyens de l'UE cuisinent au gaz, dont plus de la moitié de tous les foyers en Hongrie, en Italie, aux Pays-Bas, en Roumanie et en Slovaquie. Pour Christine Egan, PDG de Clasp, "les gens passent la majorité de leur temps à l'intérieur. La qualité de l'air intérieur peut avoir un impact majeur sur notre santé et notre bien-être. Peu de gens sont conscients des risques nocifs posés par les appareils de cuisson au gaz - la préparation de votre dîner pourrait vous exposer à autant de polluants que le tabagisme passif. Les appareils de cuisson au gaz ont besoin d'étiquettes de mise en garde sanitaire comme les paquets de cigarettes. Les fonctionnaires de l'UE ont l'obligation de tenir compte de ces risques pour la santé."
"Ces chiffres sont un choc ! Avec la crise énergétique actuelle, nous pouvons craindre un impact sanitaire notable sur les cas d’asthme des enfants cet hiver et ces chiffres nous obligent à repenser nos modes de vie et de consommation, ajoute Tony Renucci, directeur général de Respire, responsable de la communication sur cette étude en France. C’est pourquoi Respire accompagnera Clasp et Epha dans la réalisation de mesures en conditions réelles dans 40 logements en France, dont les conclusions seront présentées dans un nouveau rapport d’ici l’été 2023."
D’autres données ont par ailleurs suggéré que les polluants émis par la cuisson au gaz ont des effets négatifs sur le cerveau et les systèmes respiratoire et nerveux des adultes.
Prudence
Daniel Pope, professeur de santé publique à l'université de Liverpool (Royaume-Uni) se dit, lui, extrêmement prudent. Le lien entre l'asthme et la pollution des cuisinières à gaz n'a pas encore été définitivement prouvé et des recherches supplémentaires sont nécessaires, estime-t-il. Menant lui-même une étude en cours sur les effets de différents combustibles sur la santé, il juge que cuisiner au gaz a des "effets négligeables par rapport à l'électricité pour tous les aspects de la santé - y compris l'asthme". Pour ce professeur, ces publications ne doivent pas détruire les efforts pour inciter les populations à abandonner les cuissons au bois et au charbon, qui seraient à l'origine de 3,2 millions de décès par an dus à la pollution atmosphérique domestique, essentiellement dans les pays en développement.
Un point sur lequel converge Brady Seals, directeur du Rocky Mountain Institute. "Le gaz est certainement meilleur" que ces autres cuissons, "mais il n'est pas sain" pour autant. La question est prise très au sérieux par les autorités américaines : lundi, le patron de l'autorité chargée de la sécurité des consommateurs, Richard Trumka Jr, a déclaré qu'un examen sur les nouvelles cuisinières au gaz était en cours. "Toutes les options sont sur la table. Les produits dont la sécurité n'est pas assurée, pourront être interdits", a-t-il dit à Bloomberg, tout en assurant sur Twitter qu'il n'est "là non plus pour venir retirer les gazinières de chaque foyer" américain.
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