Césarienne : un risque hémorragique triplé chez les femmes de plus de 35 ans

09/04/2019 Par Marielle Ammouche
Gynécologie-Obstétrique
Alors qu’une étude publiée dans The Lancet alertait récemment sur "l'épidémie de césariennes" dans le monde, avec une fréquence qui a quasiment doublé en 15 ans (passant de 12% à 21% entre 2000 et 2015), une équipe de chercheurs français montrent que cette pratique obstétricale est associée à un risque pour la mère, en particulier hémorragique, supérieur à l’accouchement par voie vaginale ; et ce, indépendamment d’une pathologie sous-jacente.

En effet, plusieurs études ont déjà mis en évidence une association apparente entre l’accouchement par césarienne et les complications maternelles graves (hémorragies massives, infections, embolies pulmonaires…) ; cependant, "elles ne permettent pas bien d’isoler les complications résultant de la pathologie ou du contexte clinique ayant mené à l’accouchement par césarienne de celles résultant de la procédure chirurgicale", précise l’Inserm dans un communiqué. C’est pourquoi des chercheurs de l’Inserm, des Universités Paris Descartes, Paris Diderot et Paris 13, ont mené une nouvelle étude sur ce sujet. Ils ont comparé 1444 femmes ayant eu des complications graves après l'accouchement (importantes hémorragies pour la majorité) à 3464 femmes témoins. Leur état de santé avant l’accouchement était connu, permettant ainsi d’isoler les risques liés uniquement à la procédure obstétricale. Les analyses ont montré que les complications maternelles graves étaient globalement rares : 1,5% des accouchements. Cependant, le risque est apparu presque doublé (x1,8) chez les femmes ayant accouché par césarienne par rapport aux femmes ayant accouché par voie vaginale, que la chirurgie ait été pratiquée avant ou pendant le travail. Plus encore, le risque était triplé pour les femmes âgées de 35 ans et plus. Pour les chercheurs, ce sur-risque pourrait provenir d’une diminution liée à l’âge de la contractibilité de l'utérus après la naissance pour stopper le saignement physiologique. Selon Catherine Deneux-Tharaux, directrice de recherche à l'Inserm et responsable de l’étude, "ces résultats ont des implications pour la pratique clinique et seront utiles pour décider du type d'accouchement ; les femmes et les médecins doivent être informés de ce risque accru pour déterminer la meilleure façon d'accoucher, surtout pour les mères plus âgées". En France, le taux de césarienne est de 20,4% en 2016, stable depuis 2010, selon l’enquête Euro-Peristat. La France est ainsi l’un des pays européens pratiquant le moins la césarienne. Dans 6 cas sur 10, ce sont des césariennes réalisées dans l'urgence, soit après un accouchement qui se passe mal, soit au cours du travail. Les césariennes programmées pour raison médicale représentent 40% des cas ; et celles programmées pour une raison non médicale, à la demande des femmes, sont estimées à moins de 1%.

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