« Moins de 10% des sujets ayant une addiction aux jeux de hasard ou d’argent demandent de l’aide, et lorsqu’ils le font seulement 2 % sont satisfaits de l’aide apportée. L’enjeu est donc d’aller vers ces patients, d’innover et de les motiver », a rappelé le Dr Amandine Luquens, psychiatre addictologue au CHU de Nîmes, lors du récent congrès digital de l’Encéphale (20-22 janvier 2021). Une approche efficace pourrait être d’utiliser des « jeux » thérapeutiques (ou serious games) chez eux. Certaines équipes emploient ainsi des simulateurs de jeu dans un but de psycho-éducation, par exemple pour expliquer aux joueurs que les machines à sous sont programmées pour ne restituer que 90 % des gains à l’ensemble des joueurs. D’autres jeux thérapeutiques se fondent sur le biofeedback. Ce qui pourrait, selon une étude espagnole ouverte sur 16 patients, réduire en association à une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) les phénomènes d’impulsivité favorisant l’addiction*. D’autres addictologues recourent à la réalité virtuelle pour aider les joueurs à comprendre leurs cognitions erronées. Le Dr Pierre Taquet mène ainsi actuellement au CHRU de Lille une étude, Viret-GAD, « dans l’univers du casino ». A Nîmes, l’équipe du Dr Luquens a mis en place un essai clinique, qui va analyser chez 200 joueurs pathologiques les effets d’un training cognitif, proposé sous forme d’exercices ludiques sur une plateforme en ligne. L’idée est d’améliorer, grâce à eux, la fonction d’inhibition, laquelle est perturbée chez ces patients et joue un rôle important dans l’apparition et le maintien de l’addiction. « Sur 98 joueurs recrutés en ligne pour participer à l’étude, 57 % n’avaient jamais demandé de soins auparavant », s’est félicitée Amandine Luquens.
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