Covid-19 : effets variables des antipsychotiques

09/02/2021 Par Corinne Tutin
Psychiatrie
Une étude rétrospective, présentée au congrès digital de l’Encéphale (20-22 janvier 2021), suggère que la chlorpromazine réduit l’impact de l’infection Covid-19 tandis que la clozapine l’augmente.

Une action antivirale a été rapportée pour la chlorpromazine (Largactil) contre le Sars-CoV-1, le Mers-CoV, puis récemment in vitro contre le Sars-CoV-2 (1), notamment sur des cellules pulmonaires humaines grâce à une collaboration entre l’équipe de l’hôpital Sainte-Anne de Paris et l’Institut Pasteur (2). A l’inverse, plusieurs équipes ont décrit une possible augmentation du risque d’infection par Covid-19 chez des patients traités par clozapine (Leponex) (3), a mentionné le Dr David Attali (Hôpital Sainte-Anne, Paris). Ceci a conduit les psychiatres de l’hôpital Sainte-Anne de Paris à entreprendre une étude rétrospective à partir de données cliniques de 119 patients brésiliens, hospitalisés dans un foyer de Porto Alegre pour un handicap intellectuel. Environ, 95 % de ces patients avaient été contaminés par le Sars-CoV-2. L’étude a tenu compte, outre la prescription au long cours de chlorpromazine (57,1 % des patients) ou de clozapine (13,4 %), de possibles facteurs de biais liés à l’âge (en moyenne 34,4 ans), au sexe (41,2 % de femmes), à l’existence d’un tabagisme (3,4 %), et d’une obésité (15,1%). Parmi les patients, 39,5 % présentaient des symptômes d’infection Covid-19 et 7,6 % avaient développé une forme sévère nécessitant une hospitalisation. Aucune relation n’a été trouvée entre la prise des 2 anti-psychotiques et un diagnostic d’infection Covid-19. En revanche, l’administration de clozapine était associée aux formes symptomatiques de l’infection (p = 0,039) et la chlorpromazine à l’absence d’apparition d’une forme sévère d’infection (p = 0,020). Ces associations demeuraient statistiquement significatives après prise en considération des autres facteurs cliniques (âge, sexe, tabagisme, obésité). « Cette étude renforce la possible imputabilité de la clozapine dans le développement de formes symptomatiques de Covid-19, peut-être par effet immunomodulateur », a conclu le Dr Attali. « Elle renforce également le possible effet protecteur de la chlorpromazine contre les formes sévères de Covid-19, en raison d’une action anti-virale. Ce qui pourrait avoir un intérêt pour la prévention des formes neurologiques et psychiatriques d’infection Covid-19, cette molécule traversant très bien la barrière hémato-encéphalique. »

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