Diabète de type 1 : commercialisation des premières "boucles fermées" en 2019

25/04/2019 Par Corinne Tutin
Diabétologie
Organisé à Marseille du 26 au 29 mars derniers, le congrès annuel de la Société francophone du diabète a soufflé le chaud et le froid en matière de thérapeutique. Les diabétologues regrettent de ne pouvoir avoir accès aux inhibiteurs de SGLT2 dans le diabète de type 2 en raison de leurs effets cardioprotecteurs et néphroprotecteurs. En revanche, les premières boucles fermées devraient être commercialisées en 2019, et les greffes d’îlots mieux prises en charge dans le diabète de type 1. Le lancement annoncé de l’étude Entred 3 et de la cohorte SFD-T1 est aussi une bonne nouvelle. En effet, ces outils épidémiologiques devraient permettre d’affiner notre connaissance des différentes formes de diabète.

  Concernant les nouveaux dispositifs pour les diabétiques de type 1, même s’ils ne sont pas encore totalement automatisés, ils constituent un progrès majeur, et pourrait être étendus en pédiatrie. "L’année 2019 est un bon cru pour les diabétiques de type 1", s’est félicité le Pr Pierre-Yves Benhamou (CHU de Grenoble). "Le dispositif d’insulinothérapie automatisée à boucle fermée Diabeloop DBLG1, qui a déjà obtenu un marquage CE en novembre 2018 chez l’adulte, devrait, en effet, être prochainement introduit sur le marché français", a-t-il-indiqué. L’étude SP7, menée durant 12 semaines chez 68 adultes diabétiques de type 1 de 12 centres français, a mis en évidence la supériorité de ce "pancréas artificiel" à un traitement par pompe à insuline avec capteur de glucose, "le temps dans la cible glycémique (70-180 mg/dl) étant augmenté de 2,2 heures par jour, en moyenne, et le temps en hypoglycémie réduit de moitié, soit de 32 minutes par jour". Même si ce dispositif n’est encore que semi-automatisé, car les patients doivent toujours renseigner repas et activité physique, "il s’agit d’une innovation de rupture", a estimé le Pr Benhamou. Par rapport à d’autres boucles fermées, Diabeloop DBLG1 offre l’avantage d’être personnalisable, et "par exemple, on peut moduler la cible glycémique". Ce système va être diffusé progressivement en 2019 auprès des patients, en attendant le remboursement. "Des études complémentaires seront aussi conduites en 2019 en pédiatrie, ainsi que dans des diabètes instables".  Le dispositif Medtronic Minimed 670 G, commercialisé depuis 2017 aux États-Unis, a aussi obtenu un marquage CE, et devrait rapidement donner lieu à des essais cliniques en France. "Un autre système américain, Tandem X2 Control IQ, fait enfin l’objet d’une étude pédiatrique en vraie vie sur 9 mois chez 120 enfants".

  La greffe d’ilots en cas d’hypoglycémies majeures Une autre actualité concerne les greffes d’îlots pancréatiques. En 2018, l’étude randomisée française Trimeco entreprise sur 50 patients adultes a démontré "qu’elles représentent le meilleur traitement pour des diabétiques de type 1 ayant une instabilité glycémique majeure, responsable d’hypoglycémies sévères itératives" (1). "De fait, après greffe,70 % des patients avaient un taux d'HbA1c inférieur à 7 % sans hypoglycémie sévère à 1 an (contre aucun dans le groupe contrôle), et 59 % ont pu être sevrés de l'insuline." A la suite de cet essai, la Haute Autorité de santé (HAS) a inscrit la greffe d’îlots pancréatiques comme innovation à étudier, et doit rendre un avis en 2019 sur une éventuelle inscription et prise en charge financière par la Caisse d'assurance maladie. Les diabétologues espèrent que l'amélioration du service médical rendu (ASMR) proposée sera suffisante pour permettre la réalisation de cet acte en routine chez les quelques dizaines de diabétiques de type 1 qui en auront besoin chaque année (patients avec des comas hypoglycémiques fréquents, une qualité de vie fortement altérée). "Actuellement, le prélèvement du pancréas, le transport de l’organe, l’hospitalisation du patient, le traitement immunosuppresseur, sont pris en charge. Mais, il reste à couvrir le prix de l’isolement des îlots à partir du pancréas, procédure lourde, coûteuse", a expliqué le Pr Benhamou. Les greffes peuvent avoir un effet durable "et certains patients ont toujours des îlots fonctionnels après 10 ans de suivi", a ajouté ce diabétologue.   Beaucoup d'équipes françaises travaillent sur les moyens de s'affranchir d'un traitement immunosuppresseur, qui reste indispensable actuellement. Ce qui restreint les indications de ce geste : "pas plus de 150 patients greffés en 20 ans dans le cadre de protocoles de recherches", a admis le Pr Benhamou. Des systèmes d'encapsulation sont essayés pour limiter l'accès des cellules immunitaires aux cellules des îlots. Malheureusement, s’ils peuvent éviter le rejet immunitaire, ils ne permettent pas d’assurer une bonne préservation des cellules bêta-pancréatiques, lesquelles souffrent d’un manque d’oxygène.    

1) Lablanche S, et al. Lancet Diabetes Endocrinol. 2018;6:527-37.

Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?

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