Chez le diabétique de type 2 à haut risque cardiovasculaire, dans les essais cliniques, les inhibiteurs de SGLT2, empagliflozine et canagliflozine, sont associés à une réduction de la morbidité et de la mortalité cardiovasculaires. Est-ce exact en pratique quotidienne, autrement dit en « « vie réelle » ?
Pour répondre à cette question, une équipe scandinave a utilisé les données obtenues en pratique clinique et en vie réelle, pour comparer la mortalité et la morbidité cardiovasculaires chez les nouveaux utilisateurs de SGLT2 et chez les nouveaux utilisateurs d’autres médicaments antidiabétiques et cela dans une population à profil cardiovasculaire varié, au Danemark, en Norvège et en Suède. L’étude CVD-REAL Nordic est une étude d’observation des données individuelles des patients provenant des registres des médicament prescrits, des registres des causes de décès et des registres nationaux des patients dans ces trois pays. Tous les patients qui avaient eu une prescription de médicament antidiabétique entre 2012 et 2015 étaient inclus et suivis jusqu’au 31 décembre 2015. Les patients étaient divisés entre ceux qui utilisaient les inhibiteurs de SGLT2 pour la première fois et ceux qui utilisaient d’autres antidiabétiques. Chaque inhibiteur de SGLT2 était apparié à 3 utilisateurs d’autres médicaments antidiabétiques par l’utilisation de score de propensité. Les hazard ratios ont été estimés par pays. Les groupes « inhibiteurs de SGLT2 » (22 830 patients) et « utilisateurs d’autres antidiabétiques » (n = 68 490) étaient comparables au début de l’étude : leur suivi moyen était de 0.9 ± 4.1 années (80 669 patients/année) et l’âge moyen de 61 ± 12 ans. 40 % étaient des femmes et la prévalence des pathologies cardiovasculaires était de 25 % (22 686 des 91 320). 94 % du temps d’exposition au SGLT2 l’était à la dapagliflozine, 5 % à l’empagliflozine et 1 % à la canagliflozine. En comparaison avec les autres médicaments antidiabétiques, l’utilisation des inhibiteurs de SGLT2 était associée à une diminution du risque de mortalité cardiovasculaire (HR = 0.53 ; IC 95 % = 0.40-0.71), à une diminution du risque d’événements cardiovasculaires majeurs (0.78 ; 0.69-0.87) et à une réduction des hospitalisations pour insuffisance cardiaque (0.70 ; 0.61-0.81, p < 0.001 pour tous). En revanche, il n’y avait pas de différence significative observée entre l’utilisation des inhibiteurs de SGLT2 et l’utilisation d’autres médicaments antidiabétiques pour les infarctus du myocarde non fatals, les AVC non fatals et la fibrillation auriculaire. En comparaison avec les autres médicaments antidiabétiques, l’utilisation d’inhibiteurs de SGLT2 était associée à une diminution du risque d’hypoglycémie sévère (HR = 0.76 ; 0.65-0.90, p = 0.001). Pour la mortalité cardiovasculaire, les différences étaient similaires pour le quart des sujets qui avaient une pathologie cardiovasculaire au début de l’étude et pour ceux qui n’en avaient pas (HR = 0.60 ; 0.42-0.85 versus 0.55 ; 0.34-0.90) alors que pour les événements cardiovasculaires majeurs, le hazard ratio dans le groupe avec pathologie cardiovasculaire initiale était de 0.70 (0.59-0.83) versus 0.90 (0.76-1.07) dans le groupe qui n’en avait pas. En conclusion, dans une population de patients diabétiques de type 2 avec un profil cardiovasculaire varié, l’utilisation des inhibiteurs de SGLT2 semble bien associée à une réduction des pathologies cardiovasculaires et de la mortalité cardiovasculaire en comparaison à l’utilisation d’autres antidiabétiques, ce qui confirme donc les résultats des essais cliniques menés chez les patients à haut risque cardiovasculaire.
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