Faut-il avoir peur de la mélatonine ?

21/11/2018 Par Marielle Ammouche
Pharmacologie
La revue Prescrire a récemment publié un article dans lequel ses auteurs déconseillent de prescrire des traitements à base de mélatonine, que ce soit en compléments alimentaires ou en médicaments, pour le traitement des troubles du sommeil. Ils jugent son efficacité "incertaine" et rappellent ses effets indésirables.

Ils se basent, pour ce dernier point sur la publication en avril dernier de rapports (de l’Agence française de sécurité sanitaire de l'alimentation – Anses- pour les compléments alimentaires, et de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé – ANSM - pour les médicaments) qui ont répertorié les signalements liés à cette molécule. Ainsi, entre 2009 et mai 2017, l’Anses a reçu 90 déclarations d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant notamment de la mélatonine. Les symptômes sont d’ordre généraux (céphalées, vertiges, somnolence, cauchemars, irritabilité), neurologiques (tremblements, migraines) et gastro-intestinaux (nausées, vomissements, douleurs abdominales). L’Anses conclut qu’il existe des populations et de situations "à risque pour lesquelles la consommation de mélatonine sous forme de complément alimentaire doit être évitée ou soumise à l’avis d’un médecin". Il s’agit en particulier des femmes enceintes et allaitantes, des enfants et des adolescents, des personnes souffrant de maladies inflammatoires, auto-immunes, d’épilepsie, d’asthme, de troubles de l’humeur, du comportement ou de la personnalité, ainsi que des personnes suivant un traitement médicamenteux. "La consommation est également déconseillée pour les personnes devant réaliser une activité nécessitant une vigilance soutenue chez lesquelles une somnolence pourrait poser un problème de sécurité". L’Anses conseillait aussi de ne pas dépasser la dose de 2 mg par jour. Concernant les prescriptions de mélatonine sous forme de médicament, entre 1985 et décembre 2016, plus de 200 cas d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de mélatonine ont été recueillis par l’ANSM. Et l’agence a mis en garde en avril 2018 contre les préparations magistrales à base de mélatonine, qui doivent être réservées "aux patients ne pouvant recevoir la spécialité Circadin dans le cadre de son autorisation de mise sur le marché (AMM) ou dans le cadre de la recommandation temporaire d’utilisation (RTU)". Circadin 2mg LP est la seule spécialité à libération prolongée sur le marché. En 2017, lors du Congrès du sommeil 2017, organisé par la Société française de recherche et médecine du sommeil (SFRMS) et la Société de pneumologie de langue française (SPLF), qui se déroulait à Marseille (23-25 novembre 2017), des experts réunis au sein d’un groupe de travail avaient présenté un consensus destiné à clarifier les modalités de prescription de la mélatonine. Ils concluaient que les troubles du rythme circadien veille-sommeil, avec retard significatif de l’épisode majeur de sommeil, incapacité à s’endormir et difficulté à se réveiller aux horaires nécessaires, constituent l’indication la mieux documentée. Dans ce cas, la mélatonine à libération immédiate peut être utilisée pour son action chronobiotique (1 mg de six heures jusqu’à deux heures avant l’heure du coucher). Le décalage horaire peut aussi constituer une indication. Dans l’insomnie non comorbide (en particulier sans trouble du rythme circadien), seule la mélatonine LP est indiquée, une heure avant le coucher, et permet de diminuer la latence d’endormissement. Chez l’enfant, les experts recommandaient la prudence, et préconisaient de débuter systématiquement par de petites doses et de surveiller régulièrement la survenue d’effet indésirable.

Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?

Stéphanie Beaujouan

Stéphanie Beaujouan

Non

Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus

14 débatteurs en ligne14 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête Hôpital
Pourquoi le statut de PU-PH ne fait plus rêver les médecins
14/11/2024
9
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
0
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS, un "échec" à 1,5 milliard d'euros, calcule un syndicat de médecins dans un rapport à charge
27/11/2024
12
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
6