Femmes présentant des anticorps anti-TPO avant la conception : la lévothyroxine pendant la grossesse n’augmente pas le taux de naissances vivantes

26/04/2019 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
La présence d’anticorps anti-thyropéroxydase (ATPO) est associée à une augmentation du risque de fausse-couche et de naissance prématurée, même si la fonction thyroïdienne est normale. En effet, une revue systématique de 31 études de femmes euthyroïdiennes montre que la présence d’ATPO est associée à un risque presque 4 fois supérieur de fausse-couche et 2 fois supérieur d’accouchement prématuré. Cependant, ces études impliquaient des femmes ayant des fausses-couches répétées, des femmes infertiles et des populations non sélectionnées.

Trois études randomisées ont analysé l’effet de la lévothyroxine chez les femmes ayant des ATPO et une fonction thyroïdienne normale. Elles ont montré une incidence inférieure de fausse-couche chez les femmes traitées par lévothyroxine mais le nombre des femmes traitées était peu important. Le N Engl J Med publie cette semaine une étude, menée au Royaume-Uni, en double insu vs placebo, chez des femmes euthyroïdiennes qui avaient des ATPO et des antécédents de fausse couche ou d’infertilité. Au total, ce sont 19 585 femmes provenant de 49 hôpitaux au Royaume-Uni qui ont été testées pour les ATPO et la fonction thyroïdienne. 952 femmes ont reçu soit 50 µg, une fois par jour, de lévothyroxine (n = 476), soit du placebo (n = 476) avant la conception et tout au long de la grossesse. Le critère d’évaluation principal était les naissances vivantes après au moins 34 semaines de grossesse. 940 des 952 femmes (98.7 %) ont pu être suivies jusqu’à la fin de l’étude. 266 des 470 femmes du groupe lévothyroxine (56.6 %) et 274 des 470 femmes du groupe placebo (58.3 %) ont démarré une grossesse. Le taux de grossesses vivantes était de 37.4 % (176 des 470 femmes du groupe lévothyroxine) et de 37.9 % (178 des 470 femmes du groupe placebo) donnant un risque relatif de 0.97 ; IC 95 % = 0.83 à 1.14 ; p = 0.74 ; différence absolue = -0.4 % ; IC 95 % -6.6 à + 5.8. Il n’y avait pas de différence significative entre les groupes pour les autres paramètres de grossesse (naissance prématurée, fausse couche) ou sur les critères d’évaluation néonataux. Des effets secondaires graves sont survenus chez 5.9 % des femmes du groupe lévothyroxine et chez 3.9 % du groupe placebo (p = 0.14). En conclusion, la prise de lévothyroxine chez les femmes euthyroïdiennes ayant des ATPO ne s’accompagne pas d’un taux supérieur de naissances vivantes en comparaison du placebo.

Approuvez-vous la proposition de l'Assurance maladie de dérembourser les prescriptions des médecins déconventionnés ?

Michel Lemariey-Barraud

Michel Lemariey-Barraud

Non

La vraie question est de savoir si on veut assurer correctement les usagers, ou asservir durablement les médecins. La CNAM, organi... Lire plus

0 commentaire
1 débatteur en ligne1 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

La Revue du Praticien
Addictologie
Effets de l’alcool sur la santé : le vrai du faux !
20/06/2024
0
Podcast Vie de famille
Le "pas de côté" d'un éminent cardiologue pour comprendre le cheminement de son fils apprenti chamane
17/05/2024
0
Rémunération
"Les pouvoirs publics n'ont plus le choix" : les centres de santé inquiets de l'avenir de leur modèle...
07/05/2024
3
Infirmières
Les infirmières Asalée sauvées?
16/04/2024
3
La Revue du Praticien
Pneumologie
Asthme de l’enfant avant 3 ans : une entité particulière
19/04/2024
0
Santé publique
Ce qui se cache derrière la hausse inquiétante de l'infertilité
13/03/2024
17