La consommation des médicaments s’est accentuée ces derniers mois de crise, suggérant une détérioration de l’état de santé de la population française, que ce soit sur le plan physique ou mental. En particulier, on observe une « hausse nette » des délivrances de statines et d’antidiabétiques, ainsi qu’une accentuation de l’augmentation des médicaments antidépresseurs, antipsychotiques, anxiolytiques et hypnotiques.
Ces données sont issues du 6ème rapport du groupement d’intérêt scientifique (GIS) EPI-Phare constitué par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Caisse nationale d’Assurance Maladie (Cnam), qui, depuis le début du 1er confinement en mars 2020, suit la consommation des médicaments délivrés sur ordonnance en ville (à partir des données du Système national des données de santé, SNDS). Ce nouvel opus couvre la période du 16 mars 2020 au 25 avril 2021 et porte sur 4 milliards de lignes de prescriptions remboursées à 51,6 millions d’assurés du régime général.
Concernant les antidiabétiques et les traitements cardiovasculaires, la hausse - de 5% globalement en 2021 - , porte surtout des initiations de traitement. Ainsi, par rapport à l’attendu des instaurations (années de référence 2018-2019), les antihypertenseurs ont augmenté 14,7%, les antidiabétiques de 11%, et les statines de 24%. « Ces augmentations marquantes peuvent notamment s’expliquer par les effets délétères sur la santé de la baisse contrainte de l’activité physique imposée par la succession des différentes mesures de restrictions nécessaires au niveau national pour lutter contre l’épidémie », estiment l’ANSM et la Cnam dans un communiqué qui accompagne la sortie du rapport.
Les traitements psychotropes ont continué leur progression avec un rythme qui s’est accéléré en 2021. Ainsi, anxiolytiques, antidépresseurs et hypnotiques ont augmenté de 5% à 13% selon les médicaments, avec des hausses d’instaurations de 15% à 26% par rapport à l’attendu. Sur la période globale depuis le début du premier confinement (entre mars 2020 à avril 2021), on observe une augmentation de +1,9 million de délivrances d’antidépresseurs, + 440.000 délivrances d’antipsychotiques, +3,4 millions de délivrances d’anxiolytiques et +1,4 million de délivrances d’hypnotiques par rapport à l’attendu.
S’y ajoute une hausse des médicaments de la dépendance à l’alcool mais uniquement en 2021, qui contraste avec...
une relative stabilité observée en 2020. « Cette augmentation reflète, sur le plan médical, l’impact psychologique majeur de l’épidémie de Covid-19 sur la population et de ses conséquences sociales, professionnelles et économiques », commentent les autorités sanitaires.
Déficit des vaccinations habituelles
Autre tendance inquiétante révélée par cette étude : la vaccination des enfants et adolescents « a continué d’enregistrer un fort déficit qui s’est même accentué durant les 4 premiers mois de cette année »n soulignent l’ANSM et la Cnam. Cela concerne particulièrement, les vaccins anti-HPV chez les jeunes filles, avec, au 25 avril 2021, une chute de 33% sur l’ensemble de l’année 2020 et de 27% sur les 4 premiers mois de 2021.
Concernant les vaccins penta/hexavalent et le ROR, un retour à la normal avait été observé après le 1er confinement. Cependant, une nouvelle chute a été constatée au cours des 4 premiers mois de 2021.
La baisse de la prescription des antibiotiques se poursuit aussi en 2021, avec une chute de 4,7 millions de traitements en 2021 (-24,8%). Ce phénomène est attribué au fait que la circulation des virus habituels (hors Sars-CV-2) a été largement empêchée par la distanciation sociale et le port du masque.
Point positif, ces données attestent d’une augmentation, depuis l’automne 2020, de l’utilisation des produits d’imagerie médicale (coloscopies, scanners ou IRM) suggérant une reprise des actes de diagnostic médical, des dépistages…. « Toutefois, cette augmentation n’est pas suffisante pour rattraper les retards importants enregistrés en 2020 », précisent les autorités de santé. « La chute durant le début de la pandémie, parfois de plus de 80% de ces trois derniers actes indispensables pour diagnostiquer et suivre certains cancers ou maladies graves en poussée, conduisent toujours avec l’ensemble de la filière de cancérologie et de médecine de spécialité à des retards conséquents de prise en charge. »
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