Depuis quelques années, il existe un engouement important du grand public, encouragé par une forte médiatisation, pour la pratique du jeûne et de certains régimes restrictifs (restriction calorique, glucidique, protéique ou cétogène), en raison de supposés bénéfices sur le bien-être, et la santé.
Un intérêt est aussi évoqué dans le cadre de certaines maladies, et notamment le cancer, - les personnes recherchant un impact sur la prévention, mais aussi sur le bien-être au cours de la maladie, et la tolérance aux traitements. Selon des chiffres de 2016, environ 4000 à 5000 personnes jeûneraient chaque année en France (en dehors des jeûnes religieux et spirituels). Dans ce contexte, des experts ont jugé nécessaires d’apporter un regard objectif et scientifique à ce phénomène afin d’identifier la part de ce qui est prouvé par rapport à ce qui est de l’ordre des idées reçues. Un travail d’expertise collective menée par le réseau National Alimentation Cancer Recherche (Nacre), soutenu par l’Institut national du cancer(INCa), a donc été réalisé, basé sur une revue systématique des données biomédicales (plus de 500 articles analysés), et l’analyse socio-anthropologique d’un corpus d’une soixantaine d’ouvrages grand public. Le rapport aborde les différents concepts de jeûne et de régimes restrictifs (restriction calorique, protéique, glucidique ou régime cétogène) pour lesquels des données scientifiques ont été identifiées. Il analyse les données scientifiques issues d’études expérimentales chez l’animal, d’études épidémiologiques et d’études cliniques et évalue le niveau de preuve des effets sur la cancérogenèse en prévention primaire, ou les interactions avec les traitements pendant la maladie. Il apparait ainsi que les jeûneurs sont principalement de femmes (71 %), des individus âgés de 45 à 60 ans (54 %), et des personnes avec un niveau d’études élevé (bac + 3 et plus : 59 %). Aucune preuve scientifique Concernant les effets de cette pratique, une très grande majorité d’études sont expérimentales et réalisées chez l’animal (200 articles). Cependant, « elles présentent des résultats divergents et des limites importantes, qui ne permettent pas d’extrapoler directement les résultats à l’être humain » affirment les auteurs du rapport. Les études sur l’homme sont rares et « de faible qualité ». Pour les experts, ces études ne permettent donc pas de conclure à un effet bénéfique du jeûne ou des régimes restrictifs pour la prévention des cancers. De même concernant les effets potentiels au cours de la maladie, les données disponibles n’apportent pas de preuve de ces régimes, qu’il s’agisse d’effet curatif ou d’une optimisation de l’effet des traitements des cancers. Un risque de sarcopénie Au contraire, les experts appellent à la vigilance sur de possibles effets nocifs, liés à une perte de poids et de masse musculaire excessive, pouvant entrainer « au cours des traitements des cancers, un risque d’aggravation de la dénutrition et de la sarcopénie, deux facteurs pronostiques péjoratifs reconnus ».
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