Aujourd’hui, 40% de la population est myope, ce qui représente 2,6 milliards de personnes dans le monde dont 26,8 millions en France. 5 à 10% des patients atteints présentent une myopie forte (avec une dioptrie supérieure à -6.00), pathologie évoluant tout au long de la vie et pouvant entraîner des complications particulièrement sévères. Si la myopie faible ou moyenne est un trouble réfractif, la myopie forte est une maladie. La croissance de l’œil est rapide, et se poursuit tout au long de la vie, augmentant le risque de différents dommages sur la rétine et le nerf optique : déchirure et décollement de la rétine, glaucome, cataracte précoce et maladies de la macula. Toutes ces complications peuvent conduire à la cécité. Aujourd'hui, de nombreuses questions sur la prévention et la prise en charge de la myopie forte demeurent. Une prévention ciblée chez les enfants La myopie est en constante augmentation dans cette population. Plusieurs facteurs dont l’hérédité, certains gènes de prédisposition et des variations ethniques (la population asiatique est la plus touchée) peuvent expliquer la survenue de cette pathologie. « Si l'un des parents est myope, le risque de développer ce trouble est multiplié par deux chez l'enfant. Quand les deux parents sont myopes, le risque est multiplié par six ! Une vingtaine de gènes de prédisposition à la myopie ont été dépistés », précise le Pr Ramin Tadayoni, chef de service d'ophtalmologie à l'Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild. Mais l’environnement serait lui aussi en cause comme l’a souligné le Dr Gilles Martin, ophtalmologue dans le même établissement. « La génétique n’est pas le seul facteur dans la progression de la myopie. Les études mettent en cause notre mode de vie citadin sollicitant de plus en plus la vision de près, et ce dès le plus jeune âge, un manque d’exposition à la lumière naturelle ainsi qu’un apprentissage précoce de la lecture et une sollicitation excessive de la vision de près». Et d’ajouter : « Face à ce problème mondial de santé publique, de nombreuses équipes tentent de mettre au point des traitements permettant d’éviter ou de ralentir la progression de la myopie, comme les collyres à base d’atropine, les lunettes équipées de verres freinateurs ou le port de lentilles de contact nocturnes. La meilleure prévention chez l’enfant reste de privilégier les activités en extérieur, de réduire les activités prolongées en vision de près, et de réaliser des dépistages réguliers ». Un Institut national de la myopie pathologique pour 2023 « Pour disposer d’une Task Force médicale, de recherche et sociétale, il nous faut créer un Institut national de la myopie pathologique. Plusieurs pays asiatiques, dont Singapour et Shanghai ont ouvert la voie en se dotant de centres exclusivement dédiés à la prise en charge médicale et à la recherche sur cette maladie. C’est aussi ce que nous préconisons en sollicitant un programme national sur le sujet. Il nous faut fédérer nos forces car des solutions cliniques et technologiques de traitement et de prévention existent mais ils sont encore mal connus et peu déployés, même dans des zones bien dotées en ophtalmologistes comme l’Ile-de-France » a expliqué le Pr Tadayoni qui supervisera cet Institut. Un projet qui devrait voir le jour dès 2023 et qui placerait la France en position de leader mondial de la myopie pathologique tant au niveau de la prise en charge experte que de la recherche, de la formation et de la diffusion des bonnes pratiques et des innovations. En complément de ces dispositifs hospitalo-universitaires, cet Institut abritera aussi l’association de patients Myopia destinée à éviter l’errance thérapeutique des patients et à fluidifier leurs parcours médicaux et sociaux. « L'objectif pour nous est de rassembler les experts, les meilleurs outils de diagnostics et de thérapie sur un même lieu, tout en développant la télémédecine et la télé-expertise. Nous souhaitons que l'Institut de la myopie forte devienne un centre de référence pour les patients et leur médecin ophtalmologiste », a précisé le Pr Tadayoni.
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