En dépit des découvertes récentes, en matière d’immunothérapie notamment, le pronostic des cancers du foie reste bien sombre : 80 % de mortalité dans les 6 à 12 mois du diagnostic. Mieux vaut donc parier sur la prévention, rappellent, unanimes, les spécialistes. Souffrance silencieuse Les maladies du foie sont les plus fréquentes des pathologies chroniques, plus nombreuses que le diabète ou les maladies cardiovasculaires. Elles sont silencieuses ; une cirrhose ne se révèle habituellement qu’au stade des complications (ascite, hypertension portale, etc.), un cancer ne se manifeste qu’au stade des métastases, ce qui explique les aléas de la prise en charge. Le risque de transformation cancéreuse est de 5 à 6 % par an quand la cirrhose est présente : "à 10 ans donc, la moitié des patients aura fait un cancer", souligne le Pr Patrick Marcellin, hépatologue et organisateur de la Paris Hepatology Conférence (PHC). Le cancer du foie, au 3è rang des cancers dans le monde, mais sans doute au 1er dans les 10 prochaines années en raison de l’inflation de Non Alcoholic Steato-Hepatitis (Nash), entraîne plus de 800.000 décès, dont 9.000 en France. La "maladie du foie gras" risque, en effet de détrôner l’alcool en ce qui concerne les déterminants de la cirrhose et du carcinome hépatocellulaire (CHC). Progrès pour les hépatites La part des hépatites virales B ou C dans ces cancers devrait diminuer notablement grâce aux antiviraux. La charge virale B est aujourd’hui possiblement indétectable et la fibrose peut régresser, ce qui évite cirrhose et CHC. Sachant toutefois que l’infection, à ce virus "coriace" (dont l’ADN persiste dans le noyau des cellules hépatiques), reste dormante… "En dehors du vaccin préventif bien sûr, de nouvelles stratégies sont à l’étude : vaccin thérapeutique, bloqueurs des récepteurs cellulaires pour laisser au système immunitaire l’opportunité de 'gagner la course' contre le VHB, etc." détaille le Pr Marcellin. Les perspectives sont plus réjouissantes encore pour le VHC puisque la guérison est obtenue dans la totalité des cas avec une bithérapie sur 12 semaines. Le challenge est ici celui du dépistage de l’infection, recommandé pour les plus de 45 ans. Incidence galopante des stéatoses métaboliques Autre cause de cirrhose, et ainsi de CHC, en croissance exponentielle, parallèle à l’inflation d’obésité, la Non Alcoholic Fatty Liver Disease (NAFLD) qui touche environ 20% de la population française adulte. "La NAFLD devient Nash, stéato-hépatite, c’est-à-dire inflammatoire, dans 5 à 10 % des cas", précise le Pr Lawrence Serfaty, chef du service des Maladies du foie au CHU de Strasbourg. Quelques-unes de ces hépatites métaboliques évolueront vers une fibrose, plus volontiers si les patients sont obèses ou dyslipidémiques par exemple, prélude éventuel à la cirrhose et au CHC. "Une infime proportion des stéatoses certes, mais rapportée au nombre de personnes concernées, cela représente des millions de patients dans le monde", résume-t-il. La Nash est d’ailleurs déjà la première indication de greffe aux Etats-Unis. La progression de la fibrose est lente, un stade de fibrose tous les 7 ans en moyenne (la dégradation est plus rapide lorsqu’un diabète est mal contrôlé ou pour des facteurs génétiques), ce qui accroît les chances d’un dépistage précoce. Surveillance graduée Pour objectiver un "foie gras", l’image à l’échographie est pathognomonique. Pour l’étape supérieure, celle de l’inflammation, quelle qu’en soit la raison, "un dosage des transaminases (la “glycémie du foie“ !), auquel on associera le calcul du score FIB-4, basé sur ces transaminases, l’âge et les plaquettes, au laboratoire, suffisent", indique-t-il. En dessous de 1,3, ce qui est le cas de l’immense majorité des FIB-4, des mesures d’hygiène de vie sont proposées. Au-dessus, on passe la main au spécialiste pour des tests non invasifs qui quantifient la fibrose, voire une biopsie. Au stade de cirrhose, une échographie tous les 6 mois est recommandée qui permet d’écarter l’éventualité d’un CHC. "Une fois sur deux toutefois, un cancer survient sur un foie dénué de cirrhose", prévient le Pr Serfaty. Enfin, 84 % des patients cirrhotiques sont identifiés seulement lors d’un premier épisode de décompensation. Ce continuum fibrose-cirrhose est réversible si la cause de l’inflammation est traitée. S’agissant de la Nash, près de 80 médicaments sont à l’étude, l’acide obéticholique et l’élafibranor en particulier, avec des effets jusqu’ici très modestes et des effets indésirables avérés (prurit une fois sur deux, élévation du LDL cholestérol, etc.). "Perdre 10 % du poids de son corps permet une régression totale de la stéatose, même au stade de cirrhose", signale-t-il.
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