Le diabète était donc considéré comme un équivalent de facteur de risque cardiovasculaire. Comme la prise en charge du diabète a changé de manière importante, une équipe d’épidémiologistes du Canada s’est demandé si cela restait vrai actuellement et pour cela a analysé les tendances au cours du temps de l’association entre le diabète et les événements cardiovasculaires en comparaison d’une maladie cardiovasculaire préalable chez des non-diabétiques. Il s’agissait d’une étude rétrospective de population utilisant les données de santé de l’Ontario au Canada. Cinq cohortes d’adultes âgés de 20 à 84 ans, au cours des années 1994, 1999, 2004, 2009 et 2014, ont été analysées. L’âge moyen a augmenté de 44.4 à 47.5 ans entre 1994 et 2014, reflétant le vieillissement de la population en Ontario avec un pourcentage stable de femmes (51 %). La prévalence du diabète a augmenté, passant de 3.1 % à 9 %, et celle des maladies cardiovasculaires a également augmenté, passant de 2.5 % à 3.7 %. Dans la cohorte de 1994, en comparaison de l’absence de diabète, le diabète était associé à une augmentation du risque d’événement cardiovasculaire (28.4 vs 12.7 pour 1000 personnes/année), donnant une augmentation du risque absolu de 4.4 %, le risque relatif étant de 2.06 comme l’était le fait d’avoir déjà eu un événement cardiovasculaire préalable (36.1 pour 1000 personnes/année) avec une augmentation du risque absolu de 5.1 % et un risque relatif de 2.16. Des antécédents de diabète et de maladie cardiovasculaire préalables étaient associés au risque le plus élevé d’événement cardiovasculaire (74 pour 1000 personnes/année), donnant une augmentation du risque absolu de 12 % et un risque relatif de 3.81. Dans la cohorte de 2014, le diabète était associé à une augmentation du risque d’événement cardiovasculaire en comparaison des non-diabétiques et des patients qui n’avaient pas eu de maladie cardiovasculaire (14 vs 8 pour 1000 personnes/année). L’augmentation du risque absolu est donc de 2 %, le risque relatif de 1.58 comme l’était le fait d’avoir eu une maladie cardiovasculaire préalable (23.9 pour 1000 personnes/année) avec une augmentation du risque absolu de 3.7 % et un risque relatif de 2.06. Là encore, un diabète et des antécédents cardiovasculaires restaient associés au risque le plus élevé d’événement cardiovasculaire (51.3 pour 1000 personnes/année) avec une augmentation du risque absolu de 7.6 % et un risque relatif de 3.1 %. Les taux d’événements cardiovasculaires ont diminué entre la cohorte de 1994 et la cohorte de 2014 dans les différentes catégories. Cette large étude de population montre donc que l’importance de l’association entre le diabète et les événements cardiovasculaires a diminué alors que celle d’un événement cardiovasculaire préalable sur la survenue d’événement cardiovasculaire ultérieur reste stable. Ceci laisse donc penser que le diabète reste un important facteur de risque cardiovasculaire mais qu’il n’est plus équivalent à un antécédent cardiovasculaire, un changement qui probablement reflète l’utilisation d’approches plus modernes, multifactorielles, dans la prise en charge du diabète.
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