Le traitement du diabète de type 2 ne tient pas suffisamment compte du profil du patient

26/06/2020 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie
Le diabète de type 2 touchait plus de 30 millions d’Américains en 2015. Jusqu’en 1990, le nombre d’antidiabétiques était relativement limité comportant la metformine, les sulfonylurées, les thiazolidinediones et l’insuline. Depuis 2000, six nouvelles classes thérapeutiques sont apparues qui réduisent l’hémoglobine glyquée avec moins d’hypoglycémies ou de prise de poids et au moins deux classes réduisent les événements cardiovasculaires et la mortalité globale. Cependant ces nouveaux médicaments sont 50 à 200 fois plus chers que les vieux médicaments.

Afin d’examiner les tendances concernant l’utilisation des médicaments antidiabétiques et de déterminer si les médecins individualisaient le traitement du diabète comme cela est recommandé par l’Association Américaine du Diabète (ADA), une équipe de Cleveland a mené une analyse rétrospective transversale des données recueillies entre 2003 et 2016 de la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES). Ils ont inclus tous les patients diabétiques de plus de 18 ans qui avaient une HbA1c > 6.4 % ou une glycémie > 1.25 g/l. Les femmes enceintes, les patients âgés de moins de 20 ans recevant simplement de l’insuline étaient exclus. Ils ont évalué les tendances concernant l’utilisation des 7 classes préférées de l’ADA entre les périodes 2003-2004 à 2015-2016. L’échantillon final comportait 6 323 patients. La proportion des patients qui prenaient au moins un traitement est passée de 58 % en 2003-2004 à 67 % en 2015-2016 (p < 0.001). L’utilisation de la metformine et des analogues de l’insuline a augmenté alors que l’utilisation des sulfonylurées, des thiazolizinediones et de l’insuline humaine a diminué. Après les recommandations de 2012 de l’ADA, le choix des médicaments n’a pas varié de manière significative en fonction de l’âge, du poids ou de la présence d’une pathologie cardiovasculaire (ce qui correspondait aux conditions recommandées par l’ADA pour personnaliser le traitement du diabète). Les patients qui avaient une hémoglobine glyquée basse ou une hémoglobine glyquée < 6 % et qui étaient âgés de plus de 65 ans recevaient moins souvent des antidiabétiques alors que les patients âgés avec des comorbidités en recevaient plus souvent. C’était le type d’assurance maladie et non les revenus qui étaient associés à l’utilisation des traitements les plus coûteux. En conclusion, à la suite des recommandations de l’ADA, l’utilisation de la metformine a augmenté mais les médecins, de manière générale, n’individualisent pas le traitement en fonction des caractéristiques des patients. Il y a donc du travail à faire pour améliorer la prise en charge pharmacologique du diabète aux Etats-Unis afin que les médecins suivent les recommandations, en particulier qu’ils adaptent les types de traitement aux caractéristiques et à l’âge des patients.

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Michel Lemariey-Barraud

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La vraie question est de savoir si on veut assurer correctement les usagers, ou asservir durablement les médecins. La CNAM, organi... Lire plus

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