Les femmes, grandes oubliées de la lutte contre les maladies cardiovasculaires

08/03/2018 Par Marielle Ammouche
Cardio-vasculaire HTA

Le risque de mortalité est fortement augmenté chez les femmes au bout d’un an par rapport aux hommes, confirme une étude récente.

Si les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de mortalité chez les femmes, elles apparaissent largement sous estimées dans cette population. Pourtant, une femme sur trois décédera d’une pathologie cardiovasculaire, et 54 % des 147 000 décès annuels dus à l’une de ces maladies surviennent chez des femmes, alors même que la mortalité cardiovasculaire a largement baissé ces dernières décennies globalement. De même, les hospitalisations pour infarctus du myocarde ont diminué chez les hommes (- 5,3 % de 35 à 44 ans, et - 8,2 % de 45 à 54 ans entre 2002 et 2008), mais ont augmenté chez les femmes (+ 14,6 % de 35 à 44 ans, + 17,9 % de 45 à 54 ans). En outre, les femmes touchées sont de plus en plus jeunes. Aujourd’hui, 25 % des femmes victimes d’un accidents cardiaques ont moins de 65 ans, contre 15% en 2002. Mais en dépit de cette situation, "la prise en charge des maladies cardio-vasculaires chez les femmes reste insuffisante, faute d’une bonne compréhension et connaissance de leurs spécificités biologiques", alerte la Fédération française de cardiologie (FFC). Une vaste étude suédoise (Journal of american heart association, 14 décembre 2017) a récemment confirmé cette situation. Réalisée sur 60 000 patients, hospitalisés pour infarctus du myocarde (IDM) avec sous décalage du segment ST (Stemi) entre 2003 et 2013, elle a, en effet, montré qu’il existait un excès de mortalité chez les femmes de 89% par rapport aux hommes au bout d’un an, et de 60% au bout de 5 ans.  Les auteurs ont aussi mis en évidence que les femmes bénéficaient moins fréquemment d’un geste de revascularisation (-33%) ou d’un traitement médical approprié tel qu’une statine (-24%), l’aspirine (-16%) ou un bêta-bloquants (-12%). La FFC ajoute que "l’accès à l’information, la prévention et la prise en charge sont autant de sujets pour lesquels [les femmes] demeurent moins favorisées en France que les hommes".   Dépasser la "médecine bikini" La recherche clinique constitue un point symbolique de cette déficience car les femmes étaient jusqu’à présent largement sous-représentées dans les essais : une étude datant de 2006 montrait ainsi que sur 46 essais cliniques analysés ayant eu lieu en 2004, les femmes représentaient moins du quart des patients enrôlés. Et, bien que de plus en plus touchées par les maladies cardio-vasculaires, une étude de 2008 montrait qu'elles ne constituent que 10 à 47% des cohortes de 19 essais cliniques liés au cœur. Claudine Junien (Université Versailles-Saint Quentin, 78) souhaite inclure plus de femmes dans les essais cliniques : "Pendant longtemps, la recherche concernant les femmes s’est concentrée sur la 'médecine bikini', celle qui touche à la reproduction : utérus, vagin, ovaires et seins. Or, il existe de nombreuses spécificités biologiques chez la femme en dehors des organes reproducteurs".   Des pistes de recherche La FFC soutient plusieurs projets visant à améliorer la prise en compte des femmes dans la recherche clinique en cardiologie. En particulier, elle finance un programme de recherche sur 4 ans mené avec l’Inserm (Université Paris Sud / Institut Gustave Roussy) visant à créer un score permettant d’évaluer le risque de développer une maladie coronaire pour les femmes en fonction de leurs antécédents de santé et de leur mode de vie. "Ce score de risque permettra un meilleur suivi des femmes présentant un risque élevé de développer une maladie coronaire", précise le Pr Claire Mounier-Vehier, présidente de la Fédération Française de Cardiologie. "Il est très important pour les professionnels de santé d’avoir les moyens de déterminer le risque individuel d’un patient. Cela permet de mettre en place sans tarder un traitement préventif ou thérapeutique. La prévention et le suivi rendus possibles grâce à ce score de risque permettront d’optimiser les dépenses de santé, en proposant une prise en charge adaptée aux personnes qui en ont réellement besoin. Aucune étude de ce type n’a jamais été menée sur une cohorte 100% féminine, c’est une première !", ajoute-t-elle. La FFC soutient aussi l’étude française Wamif (Young Women Presenting Acute Myocardial Infarction in France), qui analyse durant 18 mois les caractéristiques cliniques, morphologiques et biologiques de femmes âgées entre 18 et 50 ans qui sont admises dans 34 centres français pour un infarctus du myocarde, soit plus de 200 patientes. Enfin, un autre projet, nommé Baccarat, vise à étudier le lien entre le risque cardiovasculaire associé à l’utilisation de la radiothérapie exclusive dans le cadre d’un traitement antérieur pour un cancer du sein.

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