L’optimisation de la dose d’insuline par un système automatique basé sur l’intelligence artificielle fait aussi bien que le diabétologue

04/11/2020 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie Endocrinologie-Métabolisme

Alors que les pompes à insuline et les méthodes de surveillance continue du glucose sont de plus en plus utilisées, la plupart des diabétiques de type 1 n’atteignent pas leur cible glycémique. Ceci peut être lié à l’absence d’expertise des médecins qui les prennent en charge ou au manque de temps des cliniciens pour analyser les données complexes des pompes à insuline et donner les conseils appropriés.  

Une équipe internationale, menée par une équipe israélienne, a mené une étude au cours de laquelle ils ont évalué si des ajustements fréquents de la dose d’insuline guidés par un système de décision basé sur l’intelligence artificielle était au moins aussi efficace et offrait autant de sécurité qu’une adaptation des doses sous la direction d’un médecin spécialiste.  

L’étude ADVICE4U a duré 6 mois, elle était multicentrique, internationale, en groupes parallèles, contrôlée, randomisée. L’étude a été menée chez 108 participants âgés de 10 à 21 ans avec un diabète de type 1, qui utilisaient une pompe à insuline. Les participants ont été randomisés pour recevoir à distance, toutes les 3 semaines, des conseils d'ajustement des doses d’insuline, guidés soit par le système assisté par intelligence artificielle (n = 54), soit par un médecin (n = 54). Le critère d’évaluation principal en termes d’efficacité, qui était le pourcentage de temps passé dans la cible (de 0.70 à 1.8 g/l, soit de 3.9 à 10 mmol/l) était non inférieur sur le plan statistique dans le bras « intelligence artificielle » en comparaison du bras « médecin » (50.2 ± 11.1 % vs 51.6 ± 11.3 %, p < 1 X 10-7). Le pourcentage des glycémies <0.54 g/l (<3 mmol/l) dans le groupe aidé par l’intelligence artificielle était statistiquement non inférieur au bras dépendant du médecin (1.3 ± 1.4 % vs 1 ± 0.9 %, p < 0.0001). Trois effets secondaires graves en rapport avec le diabète (2 hypoglycémies sévères et 1 acidocétose) ont été rapportés dans le groupe dont l’ajustement des doses dépendait du médecin alors qu’aucun n’a été observé dans le groupe dont l’ajustement des doses dépendait de l’intelligence artificielle.  

En conclusion, l’utilisation d’un système de décision automatique dépendant de l’intelligence artificielle pour optimiser les caractéristiques de la pompe à insuline fait au moins aussi bien qu’une titration intensive de l’insuline faite par des médecins travaillant dans des centres spécialisés en diabétologie.  

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