Ce syndrome a, le plus souvent, été décrit chez des patients ayant des troubles psychiatriques mais on sait maintenant qu’il peut survenir chez des patients qui changent, de manière plus ou moins volontaire, leurs habitudes de boissons quelques fois dans l’idée d’améliorer leur bien-être. Cette prise excessive de boissons doit être différenciée du diabète insipide dans lequel une carence en hormone anti-diurétique par pathologie hypophysaire hypothalamique ou de la tige pituitaire entraîne une diurèse accrue et donc une augmentation de la prise de boissons par augmentation de la soif liée à une augmentation de l’osmolarité sanguine. Les traitements de la polydipsie primaire sont peu nombreux : on peut proposer des thérapies comportementales qui sont plus ou moins efficaces compte tenu du caractère compulsif de cette pathologie et de la persistance d’une perception de la soif. Les agonistes du récepteur du GLP1 non seulement réduisent l’appétit et la prise alimentaire mais, dans certains modèles expérimentaux, semblent également jouer un rôle dans la soif et le comportement de boissons. L’équipe de Mirjam Christ-Crain à Bâle (Suisse) a donc eu l’idée de mettre en place une étude randomisée afin d’analyser si un agoniste du récepteur du GLP1 était capable de réduire la consommation d’eau chez les patients ayant une polydipsie primaire. L’étude était randomisée, en double insu versus placebo, avec 2 périodes croisées de 3 semaines. 34 patients ayant une polydipsie primaire ont reçu du dulaglutide hebdomadaire à la dose de 1.5 mg à l’occasion d’une période de traitement et du placebo à l’occasion de l’autre période de traitement. Au cours de la dernière semaine du traitement, les patients avaient une visite d’évaluation de 8 heures avec un accès libre à l’eau. Le critère d’évaluation principal était la consommation totale d’eau au cours des visites d’évaluation. De plus, 15 patients et 15 témoins ont eu une évaluation de la soif et de l’activité neuronale par IRM fonctionnelle, en réponse à des images de boissons. Les patients sous dulaglutide ont réduit leur prise d’eau de 490 ml (IC 95 % -780 à -199 ; p = 0.002) passant de 2950 ml/jour (IC 95 % = 2435 – 3465) sous placebo à 2460 ml (IC 95 % = 1946 – 2464) sous dulaglutide, soit une réduction relative de 17 %. La diurèse des 24 heures a été réduite de 943 ml (-1473 à -413 ; p = 0.001). La perception de soif en réponse à des images montrant des boissons était supérieure chez les patients ayant une polydipsie primaire en comparaison des témoins et inférieure chez les patients sous dulaglutide en comparaison du placebo, mais l’activité fonctionnelle était similaire entre les groupes de traitements. En conclusion, l’agoniste du récepteur du GLP1 réduit de manière modeste mais potentiellement intéressante la prise d’eau et la perception de soif chez les patients ayant une polydipsie primaire et pourrait représenter une option thérapeutique chez ces patients.
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