Tuberculose : les patients co-infectés par le VIH ne profitent pas de la baisse de l’incidence

22/03/2017 Par Marielle Ammouche
Infectiologie

A l’occasion de la Journée mondiale contre la tuberculose, qui aura lieu le 24 mars, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publie de nouvelles données qui confirment la baisse du nombre de cas en Europe, mais soulignent la forte augmentation des co-infections tuberculose/VIH, et la persistance d’un taux important de tuberculoses multirésistante

L’incidence et la mortalité de la tuberculose ont diminué dans la Région Europe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de 4,3 et 8,5 % respectivement entre 2011 et 2015. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (Ecdc) et le Bureau régional de l’OMS, qui publient ces nouvelles données rapportent cependant que "les groupes vulnérables à l’infection par la tuberculose, comme les personnes vivant avec le VIH, les détenus et les migrants, ne sont pas concernés par cette tendance générale". Ainsi, les nouveaux cas de co-infection tuberculose/VIH ont augmenté de 40% pendant cette période. En outre, "une personne co-infectée par la tuberculose/VIH sur trois n’a pas conscience de son état, ce qui diminue considérablement ses chances de guérison. En revanche, cela favorise la propagation de maladies imposant des contraintes aux systèmes de santé et aux autorités" alerte le Dr Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l’OMS pour l’Europe. La tendance est pourtant globalement à la baisse. Le nombre de nouveaux cas de tuberculose est en recul constant depuis 2002 dans l’Union européenne et l’Espace économique européen (UE/EEE), de l’ordre de 5% par an. Ce chiffre reste cependant éloigné de l’objectif de 10% jugé par les experts comme étant nécessaire pour parvenir à éliminer la tuberculose. Plusieurs problèmes persistent. La co-infection par le VIH en fait partie. En effet, la tuberculose constitue la principale cause de décès chez les personnes vivant avec le VIH. Or le dépistage et le traitement de cette co-infection sont insuffisants. Sur un nombre estimé de 27 000 nouveaux cas de co-infection tuberculose/VIH signalés en 2015 dans la Région européenne de l’OMS, seuls environ deux tiers ont été diagnostiqués et 5 800 patients ont commencé un traitement antirétroviral qui s’est avéré efficace dans environ 40 % des cas. Les personnes co-infectées par la tuberculose et le VIH sont 7 fois plus exposées au risque d’échec thérapeutique, et 3 fois plus exposées au risque de décès que les personnes atteintes uniquement de tuberculose. Les pays de l’UE/EEE affiche cependant un tendance inverse avec un recul de la proportion du nombre de cas de co-infection qui passe de 6% en 2011 à 4,6 en 2015. "La tendance générale à la baisse des cas déclarés de tuberculose est certes encourageante", ajoute la directrice par intérim de l’Ecdc, le Dr Andrea Ammon, "mais certains groupes ne profitent pas de cette tendance, et nous devons mieux cibler nos efforts si nous voulons mettre fin à l’épidémie". Les populations d’origine étrangère restent aussi particulièrement à risque, le nombre de cas de tuberculose signalés dans l’UE/EEE diminuant à un rythme moins rapide dans les populations d’origine étrangère (4 %) que dans les populations autochtones (7 %).   Inquiétude sur la tuberculose multirésistante Enfin, les nouveaux cas de tuberculose mutirésistante (tuberculose-MR) continuent d’augmenter. Un cas sur cinq surviendrait dans la région Europe de l’OMS. Globalement, le taux de succès thérapeutique dans cette situation reste faible. Si le nombre de patients atteints de tuberculose-MR et ayant reçu un traitement efficace a augmenté pour la première fois en 2015, "les résultats thérapeutiques n’ont été positifs que chez la moitié d’entre eux, ce qui est bien inférieur à l’objectif de 75 %" précise l’OMS. Dans l’UE/EEE, le taux de cas signalés de tuberculose-MR st reste lui plutôt stable au cours des cinq dernières années, s’affichant 0,3 pour 100 000 habitants. Mais bien que le taux de succès thérapeutique de la tuberculose-MR se soit constamment amélioré (de 30 % en 2009 à plus de 40 %), "il reste globalement peu élevé" souligne l’institution mondiale. "La poussée de co-infections tuberculose/VIH entre 2011 et 2015, ainsi que les taux toujours élevés de tuberculose pharmacorésistante, menacent sérieusement les progrès accomplis en vue d’éliminer cette maladie, l’objectif que les dirigeants d’Europe et du monde se sont engagés à atteindre d’ici 2030", conclut le Dr Zsuzsanna Jakab.  

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