Vaccins ARNm: un lien "probable" avec les myocardites observées chez les jeunes
Les autorités sanitaires américaines travaillent malgré tout à actualiser leurs recommandations pour ces vaccins, notamment en conseillant de suspendre l'administration de la seconde dose pour les personnes développant, après la première, ce type d’affection cardiaque.
Environ 300 cas de myocardites et de péricardites ont été examinés et présentés à des experts indépendants mercredi, lors d'une réunion du Comité consultatif sur les vaccinations (ACIP). Il se réunissait sur demande des Centres américains de lutte et de prévention des maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique du pays, qui ont analysé les informations rentrées dans un système public permettant à tout un chacun de signaler des problèmes de santé après une vaccination. Précisément, au 11 juin, 323 cas de myocardites ou péricardites ont été confirmés chez des personnes de 29 ans ou moins vaccinées avec les produits de Pfizer ou Moderna. Aux Etats-Unis, le vaccin de Pfizer est autorisé dès 12 ans, et celui de Moderna à partir de 18 ans pour le moment. Ces cas sont survenus le plus souvent après la deuxième dose de vaccin, et les symptômes se sont déclenchés en général quelques jours seulement après l'injection. Parmi ces patients, 309 ont été hospitalisés, et 9 le sont toujours aujourd'hui. 80% étaient guéris au moment de leur signalement. Il s'agit en majorité d'hommes (les hommes sont plus affectés par cette maladie en général). « De façon rassurante, les données montrent que les patients guérissent généralement des symptômes et se portent bien », a déclaré lors d'une présentation Tom Shimabukuro, responsable au sein des CDC. Aucun décès n'a été confirmé jusqu'ici. 148 cas sont toujours en cours d'étude.
Au 11 juin, plus de 50 millions de doses des vaccins de Pfizer et Moderna avaient été administrées à des personnes de 12 à 29 ans aux Etats-Unis, selon les données présentées pendant la réunion.
Si ces cas semblaient donc très rares comparé au nombre de personnes vaccinées, leur nombre était toutefois plus élevé qu'attendu pour cette tranche d'âge. « Les données disponibles à ce jour suggèrent un lien probable entre des cas de myocardites et de péricardites et les vaccins à ARN messager chez les adolescents et jeunes adultes », a déclaré Grace Lee, membre du comité des CDC, lors d'une présentation.
Suspendre la 2ème dose
Les autorités sanitaires travaillent à mettre à jour leurs recommandations à la lumière de ces discussions. Pour les personnes développant une myocardite après avoir reçu une première dose de vaccin, elles envisagent de recommander de suspendre l'administration de la seconde en attendant plus d'informations. Mais en cas de péricardite après la première dose, elles pensent toujours recommander l'administration de la seconde, mais seulement après guérison total des lésions cardiaques. Certains experts indépendants ont toutefois critiqué cette deuxième proposition, l'estimant peu prudente.
Tous les experts ont en revanche exprimé leur accord avec la conclusion des CDC: les bénéfices de la vaccination « surpassent toujours clairement les risques », selon des documents publiés en ligne par l'agence. Par exemple, pour chaque million de garçons de 18 à 24 ans vaccinés, il est estimé que les vaccins permettent d'éviter 530 hospitalisations et 3 morts du Covid-19, quand ils sont susceptibles de provoquer une cinquantaine de cas de myocardites.
Bien que les adolescents et jeunes adultes aient moins de risque de développer des cas graves de Covid-19, plus de 2 600 personnes entre 0 et 29 ans en sont mortes aux Etats-Unis, selon les données des autorités sanitaires. La balance bénéfice/risque pourrait toutefois changer pour certains groupes d'âge à mesure que davantage de cas de myocardites sont analysés, et les CDC ont assuré continuer à se tenir en alerte.
Les premiers cas de myocardites après la vaccination avaient d'abord été signalés en Israël, où la campagne d'immunisation a été plus rapide que dans la majorité des pays. Quelques cas ont également été détectés en France.
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