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Vaccination anti-HPV : le point sur les dernières données

Des études montrent que le vaccin contre le papillomavirus réduit non seulement l’incidence du cancer du col, et ce d’autant plus s’il est administré précocement, mais ralentit également l’évolution des lésions si elles apparaissent.

28/01/2025 Par Michèle Reboul
Gynécologie-Obstétrique
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À l’occasion du 48e Congrès national de la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV), qui s’est tenu les 10 et 11 janvier à Montrouge, les spécialistes ont fait le point sur les dernières actualités dans ce domaine.  À commencer par la prévention. Recommandée depuis 2007 chez les filles de 11 à 14 ans, la vaccination anti-papillomavirus (HPV) est préconisée chez les garçons depuis 2019. Un rattrapage est également possible jusqu’à 19 ans. Par ailleurs, le vaccin est remboursé jusqu’à l’âge de 26 ans pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Une extension de la vaccination pour les jeunes femmes jusqu’à 26 ans est en cours d’évaluation par la Haute Autorité de santé.

Le vaccin protège contre les infections dues aux HPV de type 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58, en cause dans 90 % des cancers du col de l’utérus, 80 % des cancers de l’anus et 90 % des verrues anogénitales (condylomes). « Fondé sur une protéine virale qui crée une immunogénicité, il est extrêmement efficace. D’après une méta-analyse récente(1), il permet notamment d’éviter plus de 99 % de risque de survenue d’infections chroniques par les HPV 16 et 18. Il s’agit-là de résultats spectaculaires car ces infections sont le principal facteur de risque des cancers du col et des cancers HPV induits », souligne le Pr Xavier Carcopino, chef du service de chirurgie gynécologique à l’hôpital Nord, AP-HM (Marseille), et président de la SFCPCV.

 

Une efficacité accrue en cas de vaccination précoce

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Des données suédoises(2) montrent que la vaccination – effectuée avant 14 ans – permet d’éviter près de 90 % des cancers du col de l’utérus. Après 17 ans, ce taux reste important, même s’il n’est plus que de 50 %. « Ces travaux prouvent que l’efficacité est intimement liée à la précocité de la vaccination », note le gynécologue. Si le cancer du col touche 3 000 femmes par an, les lésions précancéreuses sont bien plus fréquentes : 30 000 cas sont recensés chaque année en France. Pour toutes ces femmes, la prise en charge est toujours une épreuve douloureuse, source d’angoisse. De fait, le traitement des lésions précancéreuses touche leur intimité et leur sexualité. Il peut également avoir des répercussions sur une future grossesse. « Or, d’après de nombreux essais, la vaccination effectuée de façon précoce (entre 11 et 14 ans) permet d’éviter quasiment 100 % des lésions précancéreuses du col de l’utérus. Réalisée après 16 ans, elle ne protège plus qu’à 40 % », indique le Pr Carcopino. L’apparition de lésions précancéreuses engendre un risque de cancer du col de l’utérus dans les cinq à dix ans. Pour les rares patientes développant ce type de lésions malgré la vaccination, le risque de progression dépend aussi de l’âge de la vaccination. Autrement dit, plus cette dernière est effectuée tôt, plus elle contribue à ralentir l’évolution des lésions, voire à permettre leur guérison spontanée(3).

 

Un même niveau de prévention pour tous

La vaccination diminue, en outre, de 65 % le risque de cancer du col avant 25 ans(4). « À cet âge, ce cancer est, heureusement, exceptionnel. Mais il ne peut pas encore être détecté car son dépistage débute après 25 ans », confie le Pr Carcopino. Autre intérêt de la vaccination anti-HPV : sa capacité à faire disparaître les barrières sociales et l’accès au dépistage. Une étude(5) montre notamment que le fait de vacciner les jeunes filles avant l’âge de 14 ans permet un même niveau de prévention contre le cancer du col de l’utérus, quel que soit le milieu social dont elles sont issues. Même chose pour la prévention des lésions précancéreuses. Malgré l’efficacité vaccinale, un doute persiste sur son intérêt en post-thérapeutique. « Doit-on vacciner une patiente traitée pour une lésion précancéreuse du col de l’utérus pour éviter une récidive ? Ou est-ce trop tard ? La littérature scientifique est très discordante sur ce sujet. Nous ne bénéficions pas encore de preuves suffisantes pour pouvoir trancher », conclut le Pr Carcopino.

 

 

HPV : quels risques chez l’homme ? 

La prévalence de l’HPV est la même chez les hommes hétérosexuels et les femmes (10 %). Chez les sujets homosexuels, elle est de 40 %. « Mais si le vaccin a été réalisé entre 13 et 19 ans, la prévalence de l’HPV n’est plus que de 0,3 % ! », précise le Dr Jean-Luc Mergui, gynécologue, membre du bureau de la SFCPCV. Chez l’homme, on dénombre 20 fois moins de cancers HPV-induits et de lésions précancéreuses que chez la femme*. Néanmoins, le risque de développer un cancer oropharyngé est 3 fois supérieur à celui d'une femme (1 300 cancers contre 400). Enfin, d’après l’expert, « les études montrent une faible efficacité du préservatif contre l’HPV : 60 % seulement s’il est utilisé pour 100 % des rapports sexuels ».

* INCa. Les arguments clés sur la vaccination contre les cancers liés aux HPV.

 

Références :

 D’après une conférence de presse de la SFCPCV (9 janvier).

1. Wu, et al. Int J Infect Dis 2025.

2. Lei J, et al. Nejm 2020;383(14):1340-8.

3. Krog L. et al. American Journal of Obstetrics & Gynecology. Avril 2024

4. Shahmordi Z. et al. Jama 5 aout 2022.

5. Falcaro M. et al. BMJ 15 mai 2024

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