Gastro, lombalgie, troubles anxieux… La majorité des médecins prescrivent des arrêts de travail trop longs, pointe la Cnam
Entre 2010 et 2022, les dépenses d'IJ remboursées ont augmenté en moyenne de 3,8%, rappelle la Cnam dans un document présenté jeudi 11 janvier aux syndicats médicaux dans le cadre des négociations conventionnelles. Or, les facteurs démographiques (vieillissement de la population, hausse de la population active) et économiques (hausse des salaires) ne contribuent qu'à moitié à cette croissance. La Cnam identifie deux autres causes : la hausse du taux de recours aux IJ et surtout, la hausse de la durée moyenne d'arrêt par classe d'âge, qui serait à elle seule responsable de 23% de l'augmentation des dépenses d'IJ.
Et pour cause, pointe la Caisse, les durées d'arrêt de travail prescrits par les médecins excèdent trop souvent celles préconisées dans les 67 référentiels validés par la HAS. Datant de 2010 à 2017, ces fiches repères indiquent pour chaque pathologie et situation la ou les durée(s) "de référence", c'est-à-dire la "durée à l'issue de laquelle la majorité des patients est capable de reprendre un travail". Elle peut être unique comme pour la grippe et la gastro-entérite, ou différente selon le métier exercé et le traitement. Cette durée reste indicative et "modulable en fonction des complications ou comorbidités du patient", est-il précisé.
Reste que pour les motifs d'arrêt les plus fréquents (hors hospitaliers), plus de 40% des journées prescrites excèdent les durées les plus longues préconisées dans ces référentiels, remarque la Cnam. C'est notamment le cas pour les troubles anxio-dépressifs mineurs (56% de journées en excès) et pour la lombalgie commune (73%).
Pour les troubles anxio-dépressifs mineurs, la durée moyenne par arrêt prescrit est de 17,3 jours, alors qu'une durée de 14 jours est recommandée. Les trois-quarts (74%) des prescripteurs "dépassent", signale la Cnam ; 10% d'entre eux prescrivent plus de 47 jours par patient. Pour la lombalgie commune, les médecins sont 89% à prescrire des durées excessives : 8,9 jours en moyenne par arrêt, contre 5 recommandés.
"Lorsque 75% des arrêts ne respectent pas les durées préconisées, c’est qu’il y a un souci avec le référentiel", conclut le Dr Richard Talbot, de la FMF.
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