"Loin de nous l’idée de condamner tout débat sur le niveau de la rémunération des médecins généralistes", écrit le président de l’Association des hauts fonctionnaires territoriaux dans une longue tribune publiée dans Le Monde. Mais Fabien Tastet estime aussi qu’au regard "de leur niveau actuel de revenus – ils appartiennent aux 10% des Français les plus aisés – et compte tenu de l’état dans lequel se trouve notre système de soins, ces professionnels ne seront audibles que s’ils acceptent de débattre de contreparties susceptibles de réduire la fracture sanitaire qui déchire notre pays".
Assurant que les hauts fonctionnaires territoriaux sont des "acteurs de proximité immergés dans la vie des Français", il rappelle que 23,5% des patients vivent dans une zone dite "à ‘accès difficile’", selon une enquête UFC-Que-choisir, et n’ont pas accès à un généraliste à moins de trente minutes de leur domicile. Il poursuit en précisant qu’il existe, en France, de fortes disparités entre les départements, la densité étant de 266 généralistes pour 100 000 habitants dans les Hautes-Alpes par exemple et seulement de 49 généralistes pour 100 000 habitants à Mayotte. "Au-delà des chiffres, l’écart entre le sentiment légitime d’urgence des personnes vivant dans un désert médical et le temps long des mesures proposées marque une forme d’humiliant déclassement et alimente les thèses de l’impuissance publique", écrit-il ainsi.
Pour lui, si les pouvoirs publics ont "préféré jusqu’à présent des mesures à combustion lente (comme la révision du numerus clausus) ou franchement inefficaces (comme le soutien aux maisons de santé, qui aboutit à mettre en concurrence les territoires), c’est que les médecins, généralistes comme spécialisés, sont vent debout contre la seule décision de bon sens : imposer la primo implantation des nouveaux médecins dans les déserts médicaux". Une "incongruité" à ses yeux, d’autant que plusieurs professions paramédicales, par exemple, sont réglementées à l’installation.
Fabien Tastet souhaite donc imposer aux jeunes médecins diplômés une installation obligatoire de cinq ans dans une zone sous-dotée à la sortie de leurs études. "Proposition de technocrates en décalage avec le corps social ? 91% des Français sont favorables à l’installation obligatoire des nouveaux médecins dans les déserts médicaux, selon notre baromètre Ipsos/AATF – une idée que partagent de nombreux parlementaires de tous bords, chercheurs, collectifs ou associations d’usagers et élus locaux", justifie-t-il. D’autant que, pour lui, la formation et l’activité des généralistes "relève d’un financement socialisé", ce que contredit pourtant une enquête publiée par Egora.
Cette coercition serait de nature "à réhabiliter l’action publique", écrit l’élu. "Elle pourrait d’ailleurs s’inscrire dans un dispositif plus global de réinvestissement de la puissance publique dans le domaine de la santé", propose-t-il encore. "Il y a quelques semaines, plusieurs médecins réclamaient un changement profond dans l’organisation de l’hôpital et dénonçaient le rôle qu’y exercent les hauts fonctionnaires chargés de la conduite de ces établissements. Pourtant, force est de constater que la haute fonction publique, elle, se reforme depuis 2021 et l’annonce par le président de la République de profondes mutations dans ses modes de recrutement, de formation et de déroulement de carrière. Sortir du conservatisme, voilà un exemple à suivre pour les médecins !", provoque Fabien Tastet.
[avec Le Monde]
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