Pénurie de masques : Salomon dans la tourmente, le Gouvernement vole à son secours
Accusé par la commission d'enquête du Sénat sur la gestion du Covid d'être directement responsable de la pénurie de masques et d'avoir tenté modifier un rapport d'experts qui mettait la politique de la DGS à mal, Jérôme Salomon a été assuré du soutien du Gouvernement. La démission de Jérôme Salomon? Hors de question, a répondu Gabriel Attal, porte-parole du Gouvernement ce vendredi sur LCI. "Heureusement qu'il reste à son poste, on est en pleine crise sanitaire! Il est à la tête de la Direction générale de la Santé et je peux vous dire que, pour le voir dans les réunions, il est dévoué corps et âme à protéger la santé des Français", a-t-il fait valoir, en réponse à la question de l'existence ou non d'un "problème Salomon". Un problème posé par le rapport que vient de publier la commission d'enquête du Sénat sur la gestion de la crise sanitaire. Pour les rapporteurs, la pénurie de masques début 2020 peut être "directement" imputée à la décision de Jérôme Salomon de ne renouveler que très partiellement le stock de masques chirurgicaux dont disposait l'Etat en 2018. En octobre de cette année, le directeur de Santé publique France de l'époque, François Bourdillon, informe le Pr Salomon que "613 millions de masques chirurgicaux sans date de péremption acquis au mitan des années 2000 sont non conformes et ne peuvent en conséquence être utilisés". "En outre, il lui est indiqué que le stock se compose désormais de 99 millions de masques chirurgicaux, dont 63 millions périment fin 2019", poursuit le rapport. Le directeur général de la santé aurait alors ordonné l'achat de "seulement 50 millions de masques (50 millions supplémentaires si le budget le permettait), soit moins que la quantité nécessaire ne serait-ce que pour renouveler ceux arrivant à péremption fin 2019", lui reproche-t-on. La doctrine en la matière avait en effet évolué, pour passer d'un important stock dormant à un stock tournant.
@jmaphatie sur Jérôme Salomon, dont la responsabilité est pointée du doigt par le Sénat dans la gestion des stocks de #masques : "Il peut rester à son poste ?"
@GabrielAttal :"Heureusement qu'il reste à son poste, on est en pleine crise sanitaire."
#La26. pic.twitter.com/M186qCanFA— LCI (@LCI) December 11, 2020
E-mails à l'appui, les sénateurs accusent par ailleurs Jérôme Salomon d'avoir exercé une pression par l'intermédiaire de François Bourdillon pour qu'un avis consacré aux contre-mesures médicales à mettre en œuvre en cas de pandémie grippale ne fasse pas référence à la taille du stock de masques chirurgicaux nécessaire, remettant ainsi en cause le principe d'indépendance des expertises. Mais l'avis publié à l'été 2019 fait finalement état d'un besoin élevé de masques, à hauteur d'un milliard. Dans un communiqué diffusé jeudi soir, la Direction générale de la santé a assuré qu'"aucune pression" n'avait été exercée. Jérôme Salomon "tient à préciser qu'il a lui-même fourni l'ensemble des échanges de mails aux membres de la commission d'enquête du Sénat", une démarche qui "participe d'une volonté totale de transparence". Les recommandations faites à l'époque par Jérôme Salomon sur les masques auprès de Santé publique France "s'inscrivent dans le cadre d'une relation salomentre un établissement public sous tutelle et son autorité publique dans le cadre de ses missions", poursuit le texte. "A la suite de ces échanges, le directeur général de Santé publique France a apporté des modifications (...) qui ont été acceptées par l'ensemble des contributeurs du rapport". "Il y a eu discussion entre une tutelle et une agence et je crois tout s'est fait en lien et en accord avec les experts qui ont rédigé ce rapport", a réaffirmé ce vendredi Gabriel Attal. La veille, Olivier Véran a déclaré s'être "entretenu" avec Jérôme Salomon. "Il m'a indiqué que les échanges d'e-mails, auxquels il est fait allusion dans le rapport (...), il les a lui-même transmis à la commission d'enquête parlementaire". Affaire classée? [avec LCI, LeMonde.fr et AFP]
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