Une prise de conscience "indispensable" mais des mesures "largement en deçà des attentes de la médecine libérale". Dans un communiqué, publié lundi 25 novembre, la Conférence nationale des URPS médecins passe au crible les principales mesures de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, dans le cadre du "pacte de refondation des urgences", dévoilé en septembre 2019.
Globalement peu satisfaite des mesures proposées par le ministère de la Santé, les URPS médecins libéraux ont élaboré une liste de propositions pour améliorer la situation des urgences et, par extension, améliorer la gestion du système de santé.
Chaque année en France, près de 24 millions de personnes sont accueillies par les services d'urgences, alors que la médecine générale réalise 300 millions d'actes annuels. Selon le collectif de médecins libéraux, une grande partie de ces patients sont classés en CCMU 1 et 2, c'est-à-dire qu'ils sont considérés comme stables et pourraient être pris en charge par la médecine libérale. "Une consultation par jour chez chaque généraliste suffirait à désengorger les urgences", assure la Conférence nationale des URPS-ML.
Favoriser les organisations "d’amont"
Favorable à une répartition collective des contraintes organisationnelles, les URPS-ML assurent qu'il est nécessaire de s'appuyer sur les organisations déjà existantes, comme les CPTS en cours de déploiement. Celles-ci peuvent permettre de mutualiser les moyens, mais elles pourraient aussi mettre à disposition des outils supports comme un secrétariat téléphonique mutualisé ou encore des outils de planning en ligne partagés.
Pour l'heure, il apparaît également important pour les URPS-ML de se reposer sur les équipes de soins primaires (ESP) qui constituent un mode d'organisation coordonné conçu par des professionnels de santé de premier recours (infirmières, généralistes, pharmaciens…). Elles permettent notamment de prendre en charge les personnes vulnérables, comme les personnes âgées : un atout indéniable pour éviter que celles-ci ne se dirigent spontanément vers les urgences.
Créer un numéro dédié aux soins non programmés
Concernant la mise en place du service d'accès aux soins (SAS), une plateforme destinée à répondre 24h/24 par téléphone ou sur internet à toutes les demandes de soins de la population, l'URPS salue l'initiative mais émet de nombreuses réserves Pour le ministère de la Santé, ce dispositif doit permettre la délivrance d'un conseil médical et paramédical, une prise de rendez-vous pour une consultation avec un généraliste dans les 24 heures, une téléconsultation ou orientation vers un service d'urgence ou l'envoi d'une ambulance. "L’appel d’air généré par ce SAS rend incontournable la nécessité de créer une filière spécifique 'médecine de ville', sauf à noyer les urgences vitales, qui nécessitent une réponse immédiate au milieu d’un afflux massif d’appels des patients et à ajouter ainsi une couche supplémentaire au 'mille-feuille' déjà existant", préviennent les URPS-ML, qui craignent qu'un tel dispositif engendre des coûts exorbitants, dépassant largement l'enveloppe de 340 millions d'euros attribuée.
Ainsi, la Conférence nationale des URPS-ML propose par exemple de créer une filière de prise en charge par la médecine de ville des soins non programmés et de la permanence des soins ambulatoires, qui serait identifiée par un numéro d’appel dédié : le 116 117.
Mettre en place une régulation médicale libérale
Les médecins libéraux demandent à ce que soit mise en place une véritable régulation de l'accès aux urgences grâce à une régulation médicale libérale des appels qui permettrait l'évaluation du degré d'urgence. Selon eux, la régulation doit être "délocalisée" hors des centres afin que les médecins libéraux puissent y participer. Il faut que les patients soient informés de l'existence des alternatives qui se trouvent à leur disposition : maison médicale de garde, organisations portées par des CPTS, etc.
Développer les nouvelles technologies
Autre dispositif qui pourrait être déployé : la télémedecine. Pour eux, il apparaît plus indispensable que jamais de s'appuyer sur les nouvelles technologies afin d'élargir le panel des offres de prise en charge des soins non programmés. Pour se faire, les URPS médecins libéraux demandent à ce que les cabinets médicaux soient équipés et à ce que les médecins soient mieux formés et sensibilisés.
Plus de moyens financiers pour la médecine de ville
Pour mettre en place toutes ces propositions, les URPS médecins libéraux réclament plus de moyens alloués à la médecine de ville. Ils se basent sur un rapport de 2014 de la Cour des comptes qui avait établi "qu’'une réorientation éventuellement possible de l’ordre de 3,6 millions de passages annuels vers une prise en charge en ville', aurait pour conséquence une économie potentielle de 500 millions d’euros".
La Conférence nationale des URPS-ML propose de majorer les soins non programmés, dénonçant le fait que le "pacte de refondation des urgences" rétribue uniquement les services hospitaliers lorsqu’ils renvoient les patients vers les médecins libéraux, et non l'inverse. "Sans cette revalorisation de l’acte, les médecins libéraux n’accepteront pas de s’engager davantage et de travailler encore plus, sachant que le temps de travail hebdomadaire d'un généraliste, hors tâches administratives périphériques, est déjà en moyenne de 54 heures", assurent les URPS médecins libéraux.
Ils estiment également que tous les actes devraient bénéficier du tiers payant intégral, solvabilisé par l’exonération du ticket modérateur. "Seule une telle mesure permettrait de rétablir l’équilibre avec l’hôpital dans lequel les soins sont gratuits ce qui pousse à la consommation".
Dans le cadre des CPTS, la rémunération des médecins libéraux qui prennent en charge des soins non programmés pourrait également prendre la forme d'une astreinte horaire par heure libérée. Un moyen d'inciter les praticiens à réaliser des SNP, selon l'URPS.
Elle propose, enfin, d'élargir la PDSa au samedi matin.
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