Un arrêté publié jeudi au journal officiel modifie le cadre légal des salles de consommation à moindre risque, dispositifs testés en France à titre expérimental depuis 2016 et jusqu'en 2022. Le texte ramène la durée minimum d'ouverture d'une salle de trois à un an, ce qui pourrait permettre la création d'autres lieux avant la fin de l'expérimentation, après les dispositifs pionniers lancés à Paris et Strasbourg depuis 2016. A Bordeaux, en Seine-Saint-Denis et à Marseille, les autres projets de "salles de shoot" sont jusqu'ici restés dans les cartons, tandis que les réticences se multiplient à un an des élections municipales : la cité phocéenne vient ainsi de faire machine arrière et de reporter sine die son projet de salle.
L'arrêté ouvre aussi le dispositif aux usagers se droguant "par inhalation", là où il était jusqu'ici réservé aux seuls "injecteurs", souvent héroïnomanes. Autrement dit, les toxicomanes exclusivement fumeurs de crack pourront désormais fréquenter une salle de consommation à moindre risque. Un changement significatif, alors que cette drogue, dérivée fumable de la cocaïne, fait des ravages dans le nord-est de la capitale. Pourtant rien ne va changer dans l'immédiat à Paris, selon l'association Gaïa. Car la salle, située près de la gare du Nord, qui enregistre environ 200 passages quotidiens, est démunie face au nombre des "crackers". "Tant qu'il n'y aura pas de nouvelle salle à Paris, on continuera à n'accueillir que les injecteurs", prévient Elisabeth Avril, la directrice. "Il y a 5000 fumeurs de crack dans le nord-est parisien et on ne peut pas se permettre de les attirer tous dans le quartier." "Le prolongement logique, c'est l'ouverture de nouvelles salles dans Paris, comme le réclament les associations", estime Nathalie Latour, déléguée générale de la Fédération Addiction. "Montréal, qui est une ville beaucoup plus petite, a quatre salles et un dispositif mobile." A Strasbourg, où le crack est moins implanté, la salle de consommation à moindre risque va pouvoir accueillir "immédiatement" tous les usagers, a expliqué l'association Ithaque, en charge du dispositif. [avec AFP]
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