Le passage d’un générique de lévothyroxine à l’autre ne s’accompagne pas de variations de la TSH

21/04/2022 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Le passage d’un générique de l-thyroxine produit par un industriel à un autre produit par un autre industriel est fréquemment fait par les pharmacies et pourrait modifier les niveaux de TSH.

Afin de l’étudier, une étude d’efficacité comparée a été menée entre des patients qui continuaient à prendre le même produit de l-thyroxine et ceux qui passaient d’un produit à un autre. Les patients ont été appariés en propension et suivis avec la base de données de Data Warehouse liée aux TSH mesurées au laboratoire. Les modifications entre janvier 2008 et juin 2019 ont été analysées à condition que les patients aient une dose stable du médicament et une TSH normale et stable pendant au moins 3 mois avant l’étude. Un total de 15 829 patients prenant de la lévothyroxine générique ont été analysés. Leur âge moyen était de 58.9 ± 14.6 ans et 73.4 % étaient des femmes. Sur ces patients, 56.3 % recevaient une dose quotidienne de l-thyroxine de moins de 50 µg. Un total de 13 049 patients, soit 82.4 % ont continué à prendre le générique de lévothyroxine provenant du même laboratoire alors que 2 780, soit 17.6 % sont passés d’un générique de lévothyroxine à un autre. Sur les 2 780 patients appariés, la proportion de patients avec un taux de TSH normal après le début de l’étude était de 82.7 % (2 298) chez ceux qui n’avaient pas changé de générique et de 84.5 % (2 348) chez ceux qui avaient changé, donnant une différence de risque de -0.18 (IC 95 % = -0.038 à +0.02 ; p = 0.07). La proportion des patients ayant un taux de TSH franchement anormal après le début de l’étude était de 3.1 % chez ceux qui n’avaient pas changé de générique et de 2.5 % chez ceux qui avaient changé de générique, donnant une différence de risque de 0.007 (-0.002 à +0.015 ; p = 0.14). Les concentrations de TSH moyennes après le début de l’étude étaient de 2.7 ± 2.3 mU/l chez ceux qui n’avaient pas changé de générique et de 2.7 ± 3.3 mU/l chez ceux qui avaient changé de générique (p = 0.94). En conclusion, dans cette étude comparative américaine, le fait de changer de générique de lévothyroxine n’est pas associé à des variations cliniquement significatives de la TSH. Ces données américaines vont donc à l’encontre des recommandations qui alarment les cliniciens sur les variations potentielles des niveaux de TSH associées au changement de générique de lévothyroxine provenant de différentes compagnies pharmaceutiques.

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