Maladies auto-immunes : des avancées physiopathologiques et diagnostiques
De nouvelles données permettant de mieux comprendre la maladie cœliaque ou encore les pathologies thyroïdiennes ont été présentées lors du 12ème congrès international sur l’auto-immunité qui s'est tenu en virtuel du 28 mai au 1er juin dernier. Le diagnostic de la maladie cœliaque repose sur la positivité des auto-anticorps anti transglutaminase (TtG). Cependant, la biopsie duodénale, examen invasif qui reste le gold standard, est parfois négative. Les deux examens peuvent être mis en défaut. Les lésions modérées ne sont parfois pas objectivables conduisant à 5 à 25 % de faux négatifs en histologie. De même, la sérologie peut être faussement positive. En effet, des cas de positivité des anti-TtG ont été relevé chez des nouveaux nés, des patients atteints de trisomie 21 ou en cas de diabète de type 1. Une équipe italienne s'est donc intéressée au suivi de ces patients pour évaluer le risque de développer une maladie cœliaque ultérieurement.
Ils ont quantifié les anticorps anti-TtG dans une population de routine. La positivité des anti-TtG, était suivie d’une biopsie duodénale. Dans 10,2 % des cas, soit 84 patients, ils ont observé une discordance (anticorps anti-TtG positif et biopsie négative). Cependant parmi eux, 56 avaient une forte présomption de maladie cœliaque dont 25 ont vraiment été diagnostiqué maladie cœliaque sur la positivité des anti-TtG, positivité des anticorps anti-endomysium, sur le typage HLA, la clinique et les biopsies répétées. Les 31 autres patients restaient des maladies cœliaques potentielles. Puis, sur une cohorte rétrospective, ils ont analysé les cas d’anticorps anti-TtG positifs non diagnostiqués maladie cœliaque au moment de la 1ière sérologie et ont suivi ces patients pendant 5 ans (clinique, sérologie, génétique et histologie). Au final, 60 % des cas ont été confirmés maladie cœliaque dans les 5 ans. L'équipe a défini une valeur seuil (dépendant de la technique) pour affirmer qu'au-delà, une maladie cœliaque s'installera dans les 5 ans. La recherche concomitante des anticorps anti-endomysium a montré des taux plus fort dans le groupe ayant été diagnostiqué maladie cœliaque sans pour autant que cela soit significatif. Une positivité des anticorps anti-TtG, bien que non accompagnée d’une biopsie positive doit donc être suivie régulièrement au moins cliniquement pour ne pas retarder le diagnostic. Une maladie auto-immune peut en cacher une autre Au décours du suivi d’une maladie auto-immune (MAI), il n’est pas inhabituel de découvrir des auto-anticorps spécifiques d’une autre MAI et de voir apparaître la symptomatologie d’autres MAI. Les maladies auto-immunes touchant la thyroïde (MAIT) sont fréquemment impliquées dans la polyautoimmunité (PolyA). La polyA est latente lorsque les patients atteints d'une MAI cliniquement définie présentent des auto-anticorps associés à une autre pathologie. Les auto-anticorps latents pourraient vraisemblablement affecter l'évolution de la maladie, mais on ne sait pas s'ils...
se développent au cours de la période préclinique et/ou à un stade ultérieur, ni comment le risque génétique et les expositions environnementales peuvent influencer leur développement. La polyA clinique concerne différentes maladies cliniquement déclarées. L'équipe de Botello et al. (Botello A, et al, Clin Endocrinol, 2020 (4) :375-389 a réalisé et présenté une revue de la littérature concernant les polyA après le diagnostic d’hypothyroïdie de Hashimoto ou d’hyperthyroïdie de Basedow en différenciant les cas de PolyA latentes des PolyA cliniques. Un total de 56 articles incluant 47 509 patients a été revus. La prévalence globale de PolyA clinique dans les MAIT était de 13,46 %Les patients Hashimoto présentaient une prévalence légèrement plus élevée de PolyA clinique que les patients atteints de Basedow (13,70 % contre 12,06 %). Dans le groupe Hashimoto, ce type de PolyA était caractérisé par une fréquence élevée de diabète de type 1 (DT1- 4,35 %), d'anémie de Biermer (3,89%), et de maladie cœliaque (2,72 %). Les patients atteints de Basedow étaient plus associés à un DT1 (2,86 %) ou une polyarthrite rhumatoïde (2,60 %). Cette analyse a permis d'observer que les MAIT étaient essentiellement associées avec des pathologies auto-immunes gastro-intestinales, mais aussi rhumatologiques, endocrinologiques, cutanées et neurologiques. La prévalence globale de la PolyA latente était de 17,45 % dans les MAIT (17,78 % pour les Basedow contre 14,45 % pour les Hashimoto). Les personnes atteintes de Hashimoto ont montré une fréquence élevée d’anticorps anti-cellules pariétales, d'anti-insuline, dsDNA, histones, SSB/La et anticorps cardiolipine IgG et IgM tandis que les anticorps IgA anti-gliadine, anti-acide glutamique décarboxylase (GAD), anti-cellules pariétales et dsDNA étaient fréquents chez les patients atteints de Basedow.
Cette méta-analyse fournit des informations utiles pour le diagnostic et la prise en charge précoces et offre des options pour le diagnostic différentiel dans les cas de MAIT. Les cliniciens doivent être conscients de ces combinaisons dans l'évaluation des PolyA dans les MAI. Ces associations peuvent faciliter l'évaluation clinique des patients qui présentant des signes et des symptômes d'origine inconnue.
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