Plan maladie de Lyme : parution d’un rapport critique sur le financement et la recherche

04/03/2021 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Un rapport parlementaire dresse un « bilan décevant » du premier plan national de lutte contre la maladie de Lyme mis en place en 2016, dans un contexte polémique autour de l’existence de formes chroniques de la maladie.

Ce document, coordonné par Véronique Louwagie, rapporteure spéciale de la mission Santé (Les Républicains), et publié le 3 mars, critique le financement et l’efficacité de la lutte menée jusqu’à présent contre cette pathologie et les autres maladies infectieuses transmises par les tiques. Il conclut à la nécessité d’adapter non seulement le contenu du plan, mais aussi d’en renforcer les moyens et d’améliorer la gouvernance de cette politique publique. A noter cependant que ce bilan ne traite pas de la prise en charge des patients, mais aborde les aspects car une mission d’information de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale travaille actuellement sur ce sujet. Tout en reconnaissant certains progrès concernant la sensibilisation du grand public et des professionnels, ou encore la surveillance vectorielle, les auteurs soulignent « d’importants points de crispation ». En particulier, on manque encore de données épidémiologiques dans ce domaine ; la recherche est « en échec » ; et la gouvernance est « décriée ». Le financement de ce plan est mal identifié, avec un effort de recherche « insuffisamment coordonné et peu efficace », s’élevant à 1,5 million d’euros pour les 46 projets.   Un 2ème plan pour corriger les carences Dans ce contexte, les auteurs du rapport plaident pour un 2ème plan, pour consolider les acquis et corriger les carences, et ce sans attendre la fin de la crise sanitaire. Pour cela, ils font des propositions centrées sur 5 axes : la prévention, la surveillance vectorielle, l’épidémiologie, la recherche et la gouvernance. Il s’agit tout d’abord d’améliorer les efforts de prévention en accroissant les campagnes d’information, les panneaux d’information aux entrées des forêts, en mettant en place d’avril à octobre une « météo des tiques » présentant un état hebdomadaire des risques de piqûre, et en accordant une attention particulière au jeune public. Pour disposer de nouvelles données vectorielles et épidémiologiques, les parlementaires proposent, par ailleurs, de consolider et étendre le projet de surveillance Citique et la cartographie de la présence des tiques dans les régions ; et d’expérimenter une déclaration obligatoire de la maladie dans certains territoires. Pour développer la recherche, les auteurs du rapport préconisent de porter son financement de 1,5 million à 5 millions d’euros et maintenir cet effort dans la durée. La nouvelle agence de recherche sur les maladies infectieuses et émergentes, qui vient d’être mise en place sous la direction du Pr Yazdan Yazdanpanah, pourrait piloter la recherche dans ce domaine de la maladie de Lyme et des maladies transmissibles par les tiques. Il apparait, en outre, nécessaire d’élargir les thèmes aux formes sévères de la maladie et aux sciences humaines et sociales. Enfin, pour pallier aux carences du premier plan concernant la gouvernance, les parlementaires souhaitent mettre en place un « référent national Lyme », renforcer le rôle des associations, intégrer les collectivités territoriales et l’Éducation nationale au comité de pilotage, et établir un suivi régulier de la mise en œuvre du plan. 50.133 nouveaux cas de maladie de Lyme ont été répertoriés en 2019 contre 29.072 en 2009. Les principales régions concernées sont le Grand Est, la Bourgogne - Franche Comté, l’Auvergne Rhône-Alpes et la Nouvelle Aquitaine.

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