L’hypothyroïdie maternelle patente, de même que l’hyperthyroïdie maternelle, sont associées à un poids de naissance inférieur mais on ne connaît pas réellement l’effet des anomalies infracliniques de la fonction thyroïdienne sur le poids de naissance, aussi bien durant toute la grossesse que durant la fin du second trimestre et le troisième trimestre de grossesse. Une équipe néerlandaise et galloise a réalisé une revue systématique avec méta-analyse de toutes les données individuelles provenant des études de cohorte prospectives dont les données sur la fonction thyroïdienne maternelle au cours de la grossesse et le poids de naissance étaient disponibles. Trente-six cohortes ont été individualisées et les auteurs de 15 de ces cohortes ont fourni des données individuelles. Cinq autres cohortes non publiées ont également été ajoutées, donnant une population de 48 145 paires mères/enfants dont 1 275 (3.1 %) avaient une hypothyroïdie infraclinique (augmentation de la TSH mais T4 libre normale) et 929 (2.2 %) avaient une hypothyroxinémie isolée (baisse de la T4 libre avec TSH normale). L’hypothyroïdie infraclinique maternelle était associée à un risque supérieur de petit poids pour l’âge gestationnel en comparaison de l’euthyroïdie (11.8 % vs 10 % ; différence de risque ajusté = 2.43 % ; IC 95 % = 0.43 à 4.81) donnant un odds ratio à 1.24 ; 1.04 à 1.48, p = 0.015). Le poids de naissance moyen est inférieur (différence moyenne = -38 g ; -61 à -15, p = 0.0015) et l’effet est plus net lorsque la mesure est faite au 3ème trimestre en comparaison du 1er ou du 2nd trimestre. En revanche, l’hypothyroxinémie isolée est associée à un risque inférieur de petit poids pour l’âge gestationnel en comparaison de l’euthyroïdie (7.3 % vs 10 %, différence de risque ajusté = -2.91 ; -4.49 à -0.88 ; odds ratio = 0.70 ; 0.55 à 0.91, p = 0.0073) : le poids de naissance moyen est supérieur (différence moyenne = 45 g ; 18 à 73, p = 0.0012). Chaque augmentation d’une déviation standard de la concentration de TSH maternelle est associée à une diminution de 6 g du poids de naissance (-10 à -2, p = 0.003) avec un effet plus important chez les femmes qui avaient des anticorps anti-TPO positifs en comparaison des femmes qui n’en avaient pas. Chaque augmentation d’une déviation standard de la concentration de T4 libre est associée à un poids de naissance inférieur de 21 g (-25 à -17, p < 0.0001) avec un effet supérieur pour les mesures faites au cours du 3ème trimestre en comparaison du 1er ou du 2nd trimestre. En conclusion l’hypothyroïdie infraclinique maternelle au cours de la grossesse est associée à un risque supérieur de petit poids pour l’âge gestationnel et à un poids de naissance inférieur alors que l’hypothyroxinémie isolée est associée à un risque inférieur de petit poids pour l’âge gestationnel et donc à un poids de naissance supérieur. Une association inverse, dose-réponse a été trouvée entre la TSH et la T4 libre (même à l’intérieur des valeurs normales) et le poids de naissance. Ces résultats permettent de mieux comprendre la relation complexe entre la fonction thyroïdienne maternelle et le fœtus et ils doivent amener à bien peser les risques et les bénéfices du traitement par lévothyroxine au cours de la grossesse.
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?
M A G
Non
Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus