Vieux débat en cardiologie : quel est le meilleur indicateur de risque dans l'hypertension artérielle ? Une étude de cohorte (rétrospective) conduite sur 1,3 million de patients, publiée dans le NJEM, vient de confirmer que si la pression systolique prédit mieux la survenue d'événement cardiovasculaire, la valeur informative de la pression diastolique ne doit pas être négligée. Le suivi de l'hypertension artérielle (HTA) a évolué au fil du temps : alors que la pression diastolique était considérée comme le critère clé dans les années 60, la cohorte de Framingham a renversé cette idée dans les années 2000, en montrant que la pression systolique prédisait mieux le risque cardiovasculaire. L'étude d'Alexander Flint (Kaiser Permanente, Redwood City) et coll., publiée dans le New England Journal of Medicine, invite toutefois à se prémunir contre un retour complet de balancier. "Il existe une controverse de longue date pour savoir si la pression systolique ou la pression diastolique, ou les deux, contribuent au risque cardiovasculaire", explique Deepak Bhatt (Harvard Medical School), un des auteurs séniors de l'étude, dans un communiqué. "À l'aide d'une très grande quantité de données longitudinales, cette analyse montre de manière convaincante que les deux sont importantes." PAS et PAD importantes, quel que soit le seuil L'étude, financée par le réseau de santé américain Kaiser Permanente, a consisté à compiler les données de 1,3 million de patients traités en Californie du nord entre 2007 et 2016. À l'analyse multivariée et après ajustement, il s'est avéré que les pressions diastolique et systolique étaient deux prédicteurs indépendants du risque cardiovasculaire (AVC ou infarctus du myocarde). Un résultat valide quel que soit le seuil adopté pour définir l'HTA : 140/90 mm Hg (recommandations européennes) ou 130/80 (recommandations américaines, depuis 2017). En accord avec le consensus actuel, la pression systolique s'est avérée un meilleur prédicteur du risque cardiovasculaire que la pression diastolique. Mais l'information complémentaire portée par la pression diastolique doit être prise en compte, sous peine de laisser au bord du chemin une proportion importante de patients à risque : 3,9 % de la cohorte avec un seuil d'HTA à 140/90.
Autre controverse abordée : la courbe en J. Les études observationnelles suggèrent en effet qu'une pression diastolique basse est associée à un sur-risque cardiovasculaire, ce qui jette un doute sur l'intérêt d'objectifs tensionnels stricts. Une telle courbe en J a bien été mise en évidence par Flint et coll. Leur analyse montre que cette relation s'explique au moins en partie par le facteur âge et tend à confirmer que l'effet de la pression systolique est plus marqué chez les patients à basse pression diastolique, en accord avec une hypothèse déjà évoquée.
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