Actuellement maire UMP de Mulhouse (Alsace), Jean Rottner a choisi de mettre entre parenthèses sa carrière d’urgentiste et de se consacrer pleinement à sa ville. Alors qu’il fait campagne pour sa réélection, il fait le point sur ses ambitions professionnelles et livre sa vision d’élu et de médecin sur la politique menée par Marisol Touraine. Vous êtes médecin urgentiste, comment votre parcours politique a-t-il débuté ? Je suis urgentiste de formation. Issu de la filière médecine générale, je suis très vite devenu PH. J’ai très tôt dirigé le pole Samu-Smur-réanimation du CHU de Mulhouse. J’ai fait mes armes dans cette belle discipline médicale qui était en pleine organisation et réorganisation. Ça a été un beau moment professionnel. Durant mes dernières années de responsabilité, j’ai mis en place un dossier important, l’arrivée d’un hélicoptère sanitaire que j’ai ensuite inauguré en tant que maire. Mon engagement a commencé très tôt. J’avais déjà beaucoup de responsabilités universitaires pendant mes études. J’étais vice-président de l’Université Louis-Pasteur, vice-président d’une fédération d’étudiants et de la corpo de médecine. Une fois que je suis devenu médecin, mes diplômes en poche, j’ai poursuivi tout cela avec un engagement en politique. J’ai tout de suite commencé par les municipales, en 2002. Ça a été ma première candidature. Puis j’ai été suppléant du député de Mulhouse. En 2008, je suis devenu 1er adjoint de Jean-Marie Bockel, à la mairie de Mulhouse. Puis je l’ai remplacé il y a quatre ans. Vous avez alors pris la décision de faire une pause dans votre carrière de médecin. Pourquoi ? J’ai arrêté il y a cinq ans dès que je suis devenu premier adjoint. Les fonctions étaient incompatibles. Je pense qu’on ne peut pas être urgentiste et maire en même temps. En tout cas pas si on veut bien faire les choses. J’ai fait donc ce choix de complètement arrêter la médecine. Aujourd’hui je suis en détachement. La santé occupe-t-elle une place importante dans votre façon de gérer la ville, et dans votre programme pour ces nouvelles élections ? Ce n’est pas parce qu’on est médecin, qu’on met un accent particulier sur la santé. Mais j’y suis plus sensible peut-être. Plus que sur la santé, c’est sur l’écoute de l’autre que j’axe ma politique. Dans une ville comme Mulhouse, qui est très cosmopolite, on mène une politique de santé dite “communautaire”. Cela se joue dans la prévention ou l’accompagnement de certaines pathologies médico-sociales. La place et l’accompagnement des personnes âgées sont aussi très importants pour moi. Au cours de mon mandat, j’ai mené une politique d’action avec l’ARS qui a abouti l’an dernier sur un contrat local de santé axé précisément sur ces différents points. Beaucoup de médecins s’engagent en politique. Pourquoi à votre avis ? C’est vrai que j’ai beaucoup de médecins sur ma liste, mais ça n’a rien à voir avec ma profession, c’est un hasard. Je pense en fait que les médecins ont une sensibilité aux autres. Et ils ont une forme d’engagement dans la société qui marque les gens. Leur vision de la ville est aussi assez intéressante. Il y a une forme de respect de l’autre chez les médecins que n’ont peut-être pas un certain nombre de politiques qui viennent d’autres formations professionnelles. Quel est votre regard sur la politique de santé qui est menée actuellement en France ? C’est une politique au coup par coup. Je le regrette. On ne voit pas de lisibilité dans cette politique. Je ne comprends pas, par exemple que la généralisation du tiers-payant arrive tout à coup, alors qu’il n’y a eu aucune réflexion d’accompagnement. Les urgences de l’Hôtel-Dieu ont également été très mal gérées. On manque de lisibilité, de continuité et de mise en avant de la politique de santé. Je trouve que Marisol Touraine est assez éteinte au niveau du gouvernement et je le regrette. Et en ce qui concerne, des questions d’éthique, comme par exemple le cas de Vincent Lambert, ou pour la PMA, le mariage pour tous, le gouvernement actuel a complètement loupé le coche en ne prenant pas en considération l’éthique au niveau national. Par exemple, en Alsace, on a la chance de collaborer au forum de bio éthique. Il est assez formidable, car il fait collaborer experts et population, avec des gens qui viennent s’intéresser à ces sujets qui font débat. Je crois que les gens souhaitent participer à un débat national et citoyen. Mais le gouvernement est complètement passé à côté. Si vous n’êtes pas élu, vous reprendrez votre carrière d’urgentiste ? Je le peux, car je suis en détachement. Mais ce n’est pas ce que je veux ! Vous envisagez plutôt une carrière en politique ? J’ai fait le choix depuis le départ de ne pas me présenter à une autre élection, car je considère que le rôle de maire est un rôle qu’on occupe 24h sur 24 et qu’une ville comme Mulhouse nécessite la présence de son premier magistrat de manière permanente. Je suis très à l’écoute de mes concitoyens. J’ai l’habitude de dire que mon bureau est dans la rue. Pour l’instant je ne m’attache pas à faire de carrière. Je m’attache juste à faire ce que je dois faire. Après, je pense aussi qu’il faut savoir laisser la place. Et c’est pareil dans le milieu hospitalier. Les jeunes chefs de service et chefs de pole ont aujourd’hui des postes à responsabilité pendant un temps, puis ça tourne. Je pense qu’en politique c’est pareil. On fait un ou deux mandats, puis on laisse la place. Il faut qu’il y ait du renouveau. Je pense que sa propre ambition il faut la consacrer à l’activité qu’on dirige, et non pas à sa carrière.
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