Covid-19 : 7 pathologies particulièrement à risque de forme sévères

10/02/2021 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Presque toutes les pathologies chroniques sont associées, à des degrés variables, à un risque augmenté de forme sévère d’infection Covid-19.  C’est ce que rapporte une étude d’Epi-Phare, qui a porté sur la quasi-totalité de la population française, et a concerné 47 maladies chroniques, ainsi que différents autres paramètres sociaux.

  On en sait plus, et de façon beaucoup plus fiable, sur les maladies et déterminants qui constituent des facteurs de risque de forme sévère de l’infection Covid-19, grâce aux résultats de l’étude de cohorte du groupement d’intérêt scientifique (GIS) Epi-Phare, qui viennent d’être rendus publiques. Cette entité, issue de la Caisse nationales d’Assurance maladie (Cnam) et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), a, en effet, mené une analyse sur la quasi-totalité de la population française, soit plus de 66 millions de personnes. Il s’agit donc de l’une des plus vastes études de cohorte jamais réalisée en population générale. L’objectif étant d’identifier les maladies chroniques et les facteurs de risque d’hospitalisation ou de décès pour Covid-19. Ces données permettent de confirmer en grande partie les catégories de personnes dites « à très haut risque », qui sont actuellement prioritaires pour la vaccination contre le coronavirus (patients atteints de cancers en cours de chimiothérapie, de maladies rénales chroniques sévères, de poly-pathologies chroniques avec au moins deux insuffisances d’organes, les transplantés, etc…).

Les analyses ont été réalisées à partir des données du Système National des Données de Santé (SNDS), et ont porté sur la première vague de l’épidémie, soit entre le 15 février et le 15 juin. La taille de l’effectif a permis d’étudier les liens avec de nombreuses maladies courantes, mais aussi d’autres moins fréquentes pour avoir la vision la plus exhaustive possible. Au total, 47 maladies chroniques ont ainsi pu être passées au crible. Durant la période de l’étude, 87 800 personnes ont été hospitalisées pour Covid-19, et 15 660 en sont décédées à l’hôpital. Les données confirment tout d’abord que l’âge constitue, de loin, le principal facteur de sévérité de la maladie. La courbe entre âge et risque d’hospitalisation augmente de façon exponentielle. Ainsi, par rapport aux 40-44 ans, ce paramètre est doublé chez les 60-64 ans, triplé chez les 70-74 ans, multiplié par 6 chez les 80-84 ans et par 12 chez les 90 ans et plus. Le risque apparait encore plus marqué lorsque l’on s’intéresse aux décès : il est alors multiplié par 12 chez les 60-64 ans, par rapport au 40-44 ans. Et il s’envole au-delà, étant multiplié par 30 chez les 70-74 ans, par 100 chez les 80-84 ans, et même par presque 300 chez les 90 ans et plus. Les hommes apparaissent aussi plus à risque que les femmes, avec un taux de décès plus que doublé (2,1), et un taux d’hospitalisation multiplié par 1,4. La trisomie 21 en tête des comorbidités à risque Concernant les comorbidités, les auteurs ont mis en évidence que « la quasi-totalité des affections chroniques étaient positivement associées à des risques accrus d'hospitalisation pour Covid-19 et de décès à l'hôpital ». Seule la dyslipidémie n’apparaissait pas comme un facteur de risque et était même associée négativement à l’infection. Sept pathologies, ou situations cliniques, apparaissent cependant particulièrement à risque : la trisomie 21 avec un risque d’hospitalisation multiplié par 7 et un risque de décès par 23 ; le retard mental (4 fois plus de risque d’hospitalisation et 7 fois plus de risque de décès) ; la mucoviscidose (4 fois plus de risque d’hospitalisation et 6 fois plus de risque de décès) ; l’insuffisance rénale chronique terminale sous dialyse (4 fois plus de risque d’hospitalisation et 5 fois plus de risque de décès) ; le cancer actif du poumon (3 fois plus de risque d’hospitalisation et 4 fois plus de risque de décès) ; la transplantation rénale (5 fois plus de risque d’hospitalisation et 7 fois plus de risque de décès) ; et la transplantation pulmonaire (3 fois plus de risque d’hospitalisation et 6 fois plus de risque de décès). Les données confirment aussi le rôle, classiquement reconnu, du diabète, de l’obésité et des maladies cardiovasculaires, comme facteurs de risque de forme sévère de Covid. Le risque d’hospitalisation est ainsi augmenté de 64% en cas de diabète, de 63% en cas d’obésité, de 17% en cas d’HTA, et de 44% en cas d’insuffisance cardiaque. Et la surmortalité est augmentée de 75% chez les personnes diabétiques, de 56% chez les sujets obèses, de 15% en cas d’hypertension, et de 54% en cas d’insuffisance cardiaque. Et il en va de même pour les pathologies respiratoires avec un risque de décès accru de 48% en cas de maladie respiratoire chronique. Impacts sociaux-économiques Enfin, l’étude souligne la présence de facteurs sociaux et objective que les populations défavorisées sont plus à risque de forme grave d’infection à Sars-CoV-2. Ainsi, chez les personnes de moins de 80 ans, le risque de décès est multiplié par deux chez les plus défavorisés par rapport aux plus favorisés.  

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