Six mois entre deux doses de vaccins à ARNm : la nouvelle proposition de l’Académie de médecine
La perspective d’une immunité collective semble encore lointaine, s’inquiète l’Académie nationale de médecine. En effet, la faible proportion de la population infectée par le Covid (environ 20%), l’insuffisance de couverture vaccinale et la prédominance du variant « britannique » à plus forte contagiosité « renforcent la perspective d’une circulation durable du Sars-CoV-2, qui peut être propice à l’émergence de nouveaux variants, avec ses conséquences délétères sur la santé publique et la vie économique du pays », soulignent les académiciens dans un communiqué. L’accélération de la campagne de vaccination de masse apparaît donc nécessaire « malgré les difficultés d’approvisionnement et la perte de confiance du public dans certains vaccins ».
Pour tenter de remédier à ces deux freins, l’Académie de médecine fait une proposition inédite : espacer très largement les deux injections de vaccins à ARN messager. Elle se fonde pour cela sur deux études récentes (avril 2021) qui démontrent la bonne efficacité d’une seule dose de vaccin à ARN messager. La première étude (Thompson MG et al. MMWR 2021, 70 ; 13 : 495-500), américaine, menée en population cible, a ainsi mis en évidence une efficacité protectrice de 80% avec une seule dose vaccin BioNtech/Pfizer ou Moderna deux semaines après l’injection (90% après la seconde dose). Dans la deuxième étude (Hall VJ et al. Lancet 2021 (preprint)), menée au Royaume-Uni auprès de personnels hospitaliers alors que le virus circulant était le variant B1.1.7, l’efficacité des 2 vaccins a été estimée à 72% 21 jours après une première dose (86% 7 jours après la seconde dose).
En janvier 2021, l’Académie de médecine avait déjà recommandé de différer l’injection de la seconde dose de vaccin à ARNm, mais de trois semaines, et uniquement chez les personnes âgées de moins de 50 ans. Aujourd’hui, du fait de la situation épidémiologique, et forte de ces nouvelles études, elle va beaucoup plus loin, car, selon elle, il y a urgence. Elle propose d’espacer les deux doses vaccinales « de l’ordre de six mois » chez les personnes de moins de 55 ans, ce qui « permettrait d’atteindre une immunité collective beaucoup plus rapidement avec le même nombre de doses tout en assurant une protection individuelle satisfaisante ». Elle recommande aussi un tel intervalle entre une infection (prouvée par RT-PCR) et la vaccination, contre trois à six mois comme cela est actuellement recommandé par les autorités sanitaires.
Ces mesures visent, en particulier, à permettre aux « personnes très exposées, notamment aux professionnels de l’enseignement » de bénéficier le plus tôt possible de cette vaccination.
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