La couverture vaccinale des jeunes contre les infections à papillomavirus humains (HPV) a progressé en France entre 2020 (28 % des adolescentes) et 2021, année de l’extension des recommandations aux garçons (45,8 % des adolescentes et 6 % des adolescents). Cependant, ces taux restent très en-deçà de ceux obtenus dans d’autres pays européens (plus de 50 % dans vingt pays en 2020 et 75 % dans onze pays) et des objectifs de la Stratégie nationale de santé sexuelle et du Plan cancer (60 % des filles de 11 à 19 ans en 2023 et 80 % à partir de 2030).
L’ouverture de la vaccination aux élèves de classe de 5e dès la rentrée scolaire 2023 vise à pallier ce retard. « Cette décision représente un progrès décisif. Les meilleurs résultats sont obtenus dans les pays qui vaccinent à l’école », a salué le Pr Daniel Floret, (Université Claude Bernard Lyon 1), vice-président de la commission technique des vaccinations à la Haute Autorité de santé (HAS), lors d’un webinaire proposé par le centre régional d’éducation pour la santé (Cres) et l’Agence régionales de santé (ARS) de Provence-Alpes-Côte d’Azur le 23 mars.
Une décision « éthique »
« Toutes les études confirment que la stratégie la plus efficace est d’augmenter la couverture vaccinale des filles. La vaccination des garçons n'est pas coût-efficace sauf si la couverture est faible chez les filles », a observé le Per Floret. La décision de vacciner les adolescents des deux sexes avant le début de leur activité sexuelle revêt une dimension « éthique » : « équité de genre » en évitant de faire porter aux femmes « la responsabilité exclusive de la transmission du HPV, alors que les hommes représentent 25 % du fardeau de la maladie », et protection des futurs hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). « Les programmes de vaccination ciblée fonctionnent moins bien que la vaccination universelle », a ajouté le Pr Floret. Ainsi, 147 pays ont introduit la vaccination HPV des filles dans leur calendrier vaccinal et 47 celle des garçons.
Efficacité clinique et en vie réelle
Les pays les plus avancés dans le domaine ont pu collecter des données en vie réelle sur l’efficacité des vaccins. Une cohorte suédoise de 1,67 million de filles et de femmes de 10 à 30 ans a recensé 19 cas de cancer du col de l’utérus chez les sujets vaccinés entre 2006 et 2017 et 538 chez les sujets non vaccinés, concluant à une réduction du risque de 63 % avec le vaccin quadrivalent. « Les études en vie réelle ont permis d’établir une forte efficacité sur la prévention des lésions HPV de génotypes 16 et 18 sans expansion de génotypes de remplacement, sur la prévention des condylomes et des lésions précancéreuses de haut grade », a relevé le Pr Floret. Il n’existe pas encore de données sur la prévention des cancers ORL.
Pas de sur-risque de maladie auto-immune
Le vaccin peut entraîner des effets indésirables systémiques telles que fièvre, nausées, vomissements, agitation, myalgies, diarrhée, ainsi que quelques effets secondaires sévères : céphalées persistantes, hypertension artérielle, accidents anaphylactiques, bronchospasmes... Le lien avec un sur-risque de maladie auto-immune (syndrome de Guillain-Barré, sclérose en plaques, syndrome d’hypotension posturale, maladie démyélinisante) ne serait pas établi, selon le Pr Floret. « L’adolescence est l’âge d’apparition de ces maladies », a-t-il affirmé. Les syncopes après la vaccination sont en revanche « très fréquentes » et « liées au terrain de l’adolescence ». « Comme pour toutes les vaccinations, la règle devrait être de prévoir un quart d’heure d’observation après l’injection », a recommandé le Pr Floret.
Recommandations 2023
Le calendrier vaccinal 2023 prévoit que toute nouvelle vaccination doit être initiée avec le Gardasil 9 (MSD), chez les filles et les garçons entre 11 et 14 ans (deux doses) ou entre 15 et 19 ans (trois doses) ou pour les HSH jusqu’à 26 ans (trois doses). Cependant, « toute vaccination initiée avec le Cervarix (GSK) doit être menée à son terme avec le même vaccin », selon le calendrier. « Des schémas à deux doses ont montré que la réponse immunitaire chez les préadolescentes et adolescentes était non inférieure à la réponse chez les femmes adultes. Un schéma à une dose est en discussion », a rapporté le Pr Floret. Un schéma simplifié pourrait aider à obtenir une meilleure couverture vaccinale.
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