Selon une étude américaine réalisée sur des animaux et des cellules humaines, le vapotage pourrait accroître le risque de développer certains cancers et maladies cardiovasculaires. La cigarette électronique connait un essor majeur dans le monde. Actuellement aux Etats-Unis, elle concernerait 18 millions d'Américains, dont 60% sont des lycéens : 16% de ces derniers seraient des utilisateurs réguliers de cigarettes électroniques. Ce dispositif, s’il est considéré par la majorité des experts comme une aide au sevrage tabagique, va donc dorénavant bien au-delà de cette indication initiale. Cependant, les données sont encore insuffisantes dans ce domaine, et ne permettent pas de connaitre de façon fiable les risques éventuels associés à la consommation de e-cigarettes. Ainsi, en 2016, le Chirurgien général américain (US Surgeon General), Vivek Murthy, a estimé que "l'ampleur du vapotage parmi les jeunes Américains constitue une inquiétude majeure de santé publique", citant une augmentation de 900% du taux d'utilisation des cigarettes électroniques parmi les lycéens. Dans ce contexte, des chercheurs américains de la faculté de médecine de l'université de New York ont voulu en savoir plus sur la nocivité des e-cigarettes et en particulier sur le plan carcinologique. Pour cela, ils ont mené une étude sur des souris et des cellules humaines. Leurs résultats viennent d’être publiés dans les Comptes-rendus de l'Académie américaine des sciences (Pnas, 29 janvier 2018). Les rongeurs ont été exposés aux fumées de nicotine et de certains de ces dérivés issus du vapotage, en particulier la nitrosamine, pendant douze semaines. Selon les auteurs, elles ont aspiré l’équivalent en dose et durée à dix ans de vapotage pour les humains. Les scientifiques ont alors constaté des modifications de l’ADN dans les cellules pulmonaires, vésicales et cardiaques de ces animaux. En outre, ils ont observé une diminution significative de l’activité des protéines réparatrices (XPC et OGG1/2) des cellules pulmonaires, par rapport à celles des souris contrôles, qui avaient respiré de l'air filtré pendant la même période. Ces données ont été cohérentes avec les résultats des tests pratiqués sur les cellules épithéliales pulmonaires et vésicales humaines, exposés à la nicotine et à la nitrosamine. Ces cellules ont subi notamment des taux plus élevés de mutations tumorales. "Bien que les cigarettes électroniques contiennent moins de substances carcinogènes que les cigarettes conventionnelles, les utilisateurs de e-cigarettes pourraient présenter un risque plus grand que les non fumeurs de contracter un cancer pulmonaire ou vésical ainsi que de développer des maladies cardiaques", concluent les chercheurs dont le Pr Moon-Shong Tang, professeur de médecine environnementale et de pathologie à la faculté de médecine de l'université de New York, le principal auteur. La e-cigarette, facteur d’accoutumance à la nicotine De nombreuses autres recherches ont été réalisées ou sont encore en cours concernant les effets à long terme sur la santé du vapotage. Mais leurs conclusions ne sont pas homogènes. Un récent rapport des Académies américaines des sciences, des technologies et médecine, commandé par le Congrès, et publié récemment (23 janvier 2018), a ainsi conclu que la nicotine contenue dans les cigarettes électroniques était susceptible d’entrainer une accoutumance chez les jeunes, même si les quantités retrouvées dans leurs organismes sont nettement inférieures à celles retrouvées chez les utilisateurs de cigarettes classiques. Et cela pourrait augmenter le risque de transition vers l’usage de cigarettes conventionnelles. Ce rapport, d’une ampleur inédite, a porté sur l’analyse de 800 études scientifiques. Les auteurs finissent par conclure que "les effets sanitaires à long terme ne sont pas clairs" et qu "à ce stade, on ignore si la cigarette électronique a un impact positif ou négatif sur la santé publique". Ils soulignent que "si les e-cigarettes ne sont pas dénuées de risque pour la santé, elles apparaissent cependant bien moins nocives que les cigarettes conventionnelles" et "peuvent constituer une aide pour les fumeurs désirant se sevrer". Ainsi, David Eaton, doyen de l'université de Washington et président du comité de rédaction du rapport, précise "la cigarette électronique ne peut pas simplement être jugée bénéfique ou nocive. Dans certaines circonstances, comme leur utilisation chez les adolescents et des jeunes adultes non fumeurs, les effets néfastes des cigarettes électroniques justifient sans doute des inquiétudes. Toutefois, dans le cas des fumeurs utilisant la cigarette électronique pour arrêter de fumer, le vapotage offre un moyen de réduire les maladies liées au tabagisme."
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