Des études sont mises en place pour analyser l’impact sur le stress post-traumatique de la réduction des symptômes d’inconfort chez les patients de réanimation et analyser les effets de l’EMDR chez les soignants. UN point a été fait lors du congrès digital de l’Encéphale (20-22 janvier 2021) Environ 20 % des patients ayant séjourné en réanimation, développent un stress post-traumatique après plusieurs mois, a rappelé le Dr Pierre Kalfon, réanimateur à Chartres. Les facteurs de risque sont représentés par des antécédents de troubles psychologiques, notamment de dépression. Mais, on ignore l’impact des traitements, notamment des corticoïdes, très utilisés chez les patients infectés par le Covid-19. Il serait utile que davantage de patients puissent avoir accès à un psychologue pendant l’hospitalisation, ou comme cela est fait au CHU d’Angers, bénéficient d’un bilan y compris psychologique après la sortie. « Cependant, un des moyens de prévention pourrait être de réduire les phénomènes d’inconfort que peuvent présenter ces malades en réanimation », a indiqué le Dr Kalfon. Ils sont nombreux : faim, soif, douleur, sensation de froid, de chaud, manque d’air, gêne liée au bruit, à la lumière, privation de sommeil, anxiété, manque de visites des proches, sensation d’isolement... Au centre hospitalier de Chartres, les réanimateurs ont développé un programme consistant à limiter ces symptômes, lesquels sont évalués grâce à un questionnaire (IPREA) à 16 items. Le suivi pendant 1 an de malades exposés à ce programme a montré que seulement 6 % d’entre eux développent par la suite un syndrome de stress post-traumatique. Une étude randomisée va être mise en place dans 18 services de réanimation pour confirmer ces résultats. Et, les soignants ? « Des facteurs professionnels, souvent rencontrés en cette période de pandémie, favorisent chez eux la survenue du stress post-traumatique (charge de travail élevée, manque de prévisibilité, désorganisation, isolement) », a expliqué le Pr Wissam El-Hage, responsable du centre régional de psychotraumatologie au CHRU de Tours. Des facteurs individuels interviennent également (personnalité anxieuse, sexe féminin, jeune âge ou faible expérience, antécédents de troubles psychologiques). « Depuis longtemps, a été décrit un syndrome de fatigue compassionnelle, plus courant chez des soignants empathiques, exigeants, considérant comme un échec le fait de demander de l’aide », a complété le Pr El-Hage. Les signes d’alerte de stress sont représentés par des troubles du sommeil, une irritabilité, des difficultés de concentration, un détachement émotionnel... Le climat anxiogène associé à la Covid-19, les nombreux décès constatés, la peur de se contaminer ou de contaminer, ont augmenté les risques d’observer ce syndrome, une anxiété ou une dépression. Une enquête menée par le Pr El-Hage, en avril et mai 2020, sur 1 000 soignants a révélé que le risque de stress post-traumatique augmentait avec le niveau d’exposition avec les patients infectés par l Covid, ou le fait d’avoir un proche à risque ou suspecté d’être positif. Selon d’autres données, le risque de stress post-traumatique est également plus élevé chez les soignants de 1e ligne que de 2e ligne face au Covid-19, avec un impact accru en cas de collègue infecté. Le Pr El-Hage a mis en route une étude nationale, Hard, qui propose en ligne aux soignants un outil d’autodépistage des symptômes d’anxiété, de dépression, de burn-out ou de stress post-traumatique. Après chaque évaluation, un retour est fait sous forme de conseils personnalisés et il est proposé aux professionnels avec les symptômes les plus sévères d’être randomisés pour avoir ou non (groupe contrôle) 12 séances d’ Eyemovement desensitization and reprocessing (EMDR) en libéral*.
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