Le journal Le Monde révèle en exclusivité un indicateur inédit, réalisé par le géographe de la santé Emmanuel Vigneron, sur la baisse du nombre de médecins spécialistes en France. Selon le quotidien, leur chute "s’est poursuivie ces dix dernières années. Et parfois plus fortement encore qu’en médecine générale". A l’heure actuelle, les médecins spécialistes sont 44.398 : un chiffre en stagnation, contrairement à celui de la population générale.
Il ressort de cet indicateur que le nombre de professionnels de santé libéraux est passé de 68,4 pour 100.000 habitants en 2012 à 65,5 en 2022 dans une dizaine de spécialités : pédiatrie, gynécologie médicale, gynécologie-obstétrique, psychiatrie, ophtalmologie, dermatologie, rhumatologie, cardiologie, oto-rhino-laryngologie, gastro-entérologie, radiologie, anesthésie-réanimation.
Sans surprise, ce sont les territoires ruraux qui sont les plus touchés par la désertification médicale des médecins spécialistes. Ainsi, la dégradation de l’accès aux soins à ces spécialistes a par exemple chuté de 35% dans la Creuse. Mais l’indicateur permet aussi de mettre en lumière de nouveaux territoires où l’accès aux soins est désormais compliqué : "des espaces plus mixtes, semi-urbains, comprenant parfois une grande ville ou plusieurs villes moyennes", cite le journal, prenant pour exemple l’agglomération de Calais, Cherbourg, Saint-Brieuc, Dinan ou Agen. Celles qui tirent mieux leur épingle du jeu sont essentiellement des métropoles : Paris, Lyon, Bordeaux et les villes sur la côte du Sud-Ouest de la France.
Selon Le Monde, les trois-quarts des 101 départements se trouvent toujours à un taux inférieur à la densité moyenne. Une quarantaine serait également sous le seuil critique.
L’écart entre certaines communes peut être extrême : "de 20 à 30 spécialistes pour 100.000 habitants dans l’Eure ou encore en Haute-Loire, contre 100 à 120 médecins comptabilisés dans les bassins les mieux pourvus, en Gironde", indique Le Monde. Selon cet indicateur, on trouverait 1,3 gynécologue en Mayenne et 1,4 en Aveyron pour 100.000 habitants… et huit fois plus dans les Hauts-de-Seine.
Enfin, la densité de certaines spécialités s'effrite depuis dix ans : − 17% chez les gynécologues, − 18% chez les rhumatologues, − 19% chez les dermatologues… quand elle est de -9% pour la médecine générale. Seules quelques spécialités sont en progression : l’anesthésie (+ 8%), la radiologie (+ 8%) et la cardiologie (+ 7%).
[avec Le Monde]
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